Pro Loques

Jean-Paul Gavard-Perret

Mémoire écarquillée, mensonge éhonté et vérité plénière, étouffement de lumière, bégaiement du ciel et de la terre, cerceau cloué aux hanches de l’enfance, ventres et cœurs désirés, etc. créent un rire qui berce les ombres. Preuve que les histoires faussement mythologiques forment un monde jamais clos. Il suffit que ce ne soit plus l’auteur lui-même mais le plus souvent la femme qui devienne scaphandrière en son cerveau. L’homme restera le « tu » de son « je » qui le tue mais d’une petite mort. Voltigent les corps,
jambes vacillent : et par fragments se transforme le plein en vide. L’inverse est vrai aussi.

Évohé! Évohé!

Carmen Pennarun

« … toute l’agitation du monde ne changera rien à ce qui demeure », nous dit l’auteure au début du recueil. Si l’écriture avait le pouvoir d’une incantation, si son écoute ouvrait la porte au secret de la paix intérieure, au-delà du bruit, de l’effervescence, une voix pourrait se laisser entendre, une voix qui jamais n’a cessé de nous porter, elle vibre sur une ligne mélodique reconnue par chacune de nos cellules.
Une ligne (en)chantée, telle est la poésie. Elle est demeure. La complicité avec la nature illumine ce lieu. Là, l’écoute s’affine au point de s’ajuster à une dimension autre, et la conscience réalise que les hamadryades – ces nymphes attachées aux arbres qu’elles habitent – nous attendaient. Elles accueillent
le promeneur abîmé dans ses pensées, éveillent ses perceptions aux merveilles naturelles qui l’entourent. Leur salut est spontané lorsqu’elles constatent que les yeux du cœur de leur hôte sont dessillés.
« Évohé ! Évohé ! » clament-elles dans le silence où leurs voix inaudibles allument le feu de la cocréation avec les poètes. La joie est présente, elle est de toutes les fêtes de Samaïn à la St. Jean. Ainsi se renouvelle le pacte et explique la raison de l’éternelle jeunesse de la poésie.

L’auteure vit en Bretagne, elle a publié plusieurs recueils où se lit son attachement à la nature qu’elle ne cesse de célébrer en courbant ses mots avec une infinie délicatesse.

Peintres juifs au Musée d’art de Constantza

Geta Deleanu

« L’ouvrage de Geta Deleanu guide le lecteur vers la connaissance et la compréhension d’un univers particulier, conçu dans le souci de composer la spécificité du thème abordé. Peut-être de manière plus
évidente que chez les peintres d’autres ethnies, la relation entre l’existence et l’aspiration revêt un symbolisme particulier. Les descriptions que l’autrice fait de tableaux tels que “Plage à Dieppe” de Vermont et “Paysage à Balchik” de Margareta Sterian synthétisent les images dans un langage plastique articulé et expressif. Le livre est une tentative accomplie – et réussie – de construire une image significative et complexe à partir d’œuvres étudiées individuellement, une unité capable d’exprimer la réalité de diverses institutions. Bien qu’il s’agisse d’un ouvrage érudit, le texte est cursif et accessible, instructif bien sûr, présenté dans des tons chaleureux. “Peintres juifs au Musée d’art de Constantza” témoigne de l’attachement certain de l’autrice à l’art plastique, dont témoignent également des travaux antérieurs dans ce domaine. »

Nicolae Rotund

Les éternelles énigmes

Gheorghe Schwartz

Gheorghe Schwartz, diplômé en histoire et philosophie en même temps que prosateur, nous propose généreusement 199 courtes nouvelles – des évènements réalistes ou fantaisistes – qui représentent tout autant de leçons de vie à en tirer. Parfois tristes, souvent drôles, ces histoires nous captivent, nous étonnent, nous interpellent, mais elles offrent une lecture des plus agréables. Lecture sur laquelle l’auteur nous avertit d’une façon insolite :  » À déguster à petite dose ! « . Enfin, si vous pouvez vous abstenir, dirais-je.

Un Songe dans la Pierre

Marine Rose

« Marine Rose dans « Un songe dans la Pierre » fait surgir devant nos yeux des mots inapparents qui arviennent à réveiller des images, à soulever la métaphore, tout en n’en brisant pas le mystère. Ils maintiennent le poème dans la transparence auquel s’oppose le réel, plus opaque. Avec la poésie de Marine, nous entrons dans une bulle hors du temps, j’allais la décrire claire comme du cristal de roche, mais si je dois penser gemme, c’est la célestine que je dois évoquer, car la poésie éthérée qui nous
est donnée à lire ici est plus proche de cette pierre qu’on appelle également « pierre des anges ». Elle éveille le sentiment d’union avec l’univers, et c’est exactement là que Marine tente de nous conduire. »

Carmen Pennarun