Consoler les orages – Retour



Jean-Paul Gavard-Perret

Eloges

Ayant conscience du temps par son intelligence et sa lucidité, Carmen Pennarun, grand-mère désormais, lâche prise (du moins en partie). Elle s’est mise à flâner comme presque loin d’elle – ou (et c’est plus sûr) avec elle. C’est une manière de savoir s’attarder du quotidien, sur des rumeurs, des rires et des pleurs d’enfant voire des « cris d’adultes schizophrènes » (ça arrive).

Tout le mouvement de la vie (mer et grand mère comprise) va et se réactive dans ce livre où il arrive parfois à la créatrice de trouver une manière parfois (et comble du comble) de sauver dieu lui-même ou son absence – qui sans doute « nous frôle sans que jamais / on puisse le toucher ». Bref, lui est sauf et ses traces de bienveillance perdurent.

Mais la poète est libre de dénouer les liens tissés autour d’elle. Certes, ils la retiennent par des obligations jusqu’à « hanter » son ciel d’autant que, écrit-elle, « la joie, mon droit de naissance, s’est étiolée ». Si bien qu’avec le temps, la peau plus dure (et de chagrin), des évènements tambourinent moins.

D’où chez elle ses points de croix du passé empiété qui lui autorisent l’indocilité et un devoir d’insouciance car la beauté en soi attend la soif. C’est la sensation de découvrir, même si des épreuves à vivre permettent d’approcher les fontaines non obscures mais vives. En de folles oraisons contre la toile de la raison.

De sa résistance, tout s’arrime et s’enracine en royaume de l’enfance dont elle redécouvre la tendresse étant devenue moins mère-grand que grand-mère. Cela fait de son livre celui d’images d’une histoire dont les richesse se nichent à chaque instant.

Jean-Paul Gavard-Perret


https://www.lelitteraire.com/carmen-pennarun-consoler-les-orages-precede-par-la-montee-des-eaux/

Josselyne Chourry

À chaque fois que je lis un recueil de poèmes de Carmen Pennarun, je m’attends à suspendre le temps. Étrangement, le second poème de « Consoler les orages » a justement pour titre « Suspendre », et je mesure la concordance entre mon attente et l’inspiration de Carmen.
Alors oui, « ne pas hâter les choses / écouter le son prodigieux / lorsqu’il se déploie puis déferle / en milliards de paillettes soulevées / puis dispersées qui lentement retombent / dans l’Or de l’Instant » (p.10)
Je sens qu’il va falloir ouvrir tous mes sens pour goûter la saveur de ce temps suspendu et « Croquer l’instant » de cet autre poème lorsque l’enfance se souvient des instants de tendresse « qu’un amour infini bordait soir après soir ». De poème en poème, Carmen nous entraîne dans son sillage, que ce soit la petite fille qu’elle fut qui « marche vers la rose » ou la poétesse devenue qui « marche vers l’étoile » … les deux en une détiennent la clef des songes.
L’inspiration de Carmen peut consoler tous les orages de la vie. « J’affûte une barque et j’appelle les raisons du cœur » écrit-elle en nous
invitant à nous embarquer dans la lecture de ce recueil qui a beaucoup à nous révéler, car Carmen nous ouvre un pan de son jardin secret. À nous d’y pénétrer avec recueillement.

Josselyne Chourry (19 juin 2025)


Jeannine Biehler

L’écriture de Carmen « Pennarun » est un voyage inattendu, une montée des eaux où les mots apaisent les orages de l’existence. Balancement délicat entre le souvenir d’une jeunesse lointaine où l’heure sonne encore autour du rêve et la prestance d’une vie tournée vers des mots de poésie qui mettent en lumière la beauté de son chant. Je découvre dans « Consoler les orages » tous ces mots que je n’ai jamais osé dire, tous ces voyages de l’enfance qui charment la candeur d’une douceur infinie. Comme il est doux de se souvenir de l’appel d’un livre que l’on a laissé quelques temps auparavant et qui, tout à coup, revient à la pointe des yeux pour continuer de lire avec fougue la fin de l’histoire.

Qu’il est doux de se rappeler que les orages rencontrés finissent toujours par se dissiper pour laisser derrière eux, le sillage d’un petit bonheur de rien du tout, mais qui sait si bien captiver l’attention. Carmen, nous entraîne dans ses chemins d’enfance, dans ses douleurs, dans ses rires de petite fille et dans sa joie d’aimer malgré l’orage qui couve. Avec délicatesse, elle déploie une écriture où la mémoire s’entoure d’émotions enveloppées sous le drap du temps. Dans ce recueil, elle délivre sa voix afin de peut-être nous aider à traverser les âges de la vie, sans contourner l’invisible silence qui précède la fin d’un cycle, d’une vie.

« Ouvrir une brèche de lumière et laisser entrer le torrent des mots afin que le temps ne se dérobe et que le regard accompagne l’instant, pour offrir à ce jour ses pensées-roseaux. »

Consoler les orages devient une entité, un appel, une invitation à danser légèrement sur le passé, sur le présent, avec des entrechats aériens aux ailes finement ornées d’amour, comme la poésie de Carmen qui sait s’émouvoir de toute présence.

Merci à toi Carmen pour ce beau voyage en Terre-Poésie ! Il me reste de ma lecture, l’envie irrépressible de lire et de relire ces jolis mots écris par la main d’une amoureuse de la vie. A bientôt en Terre-Bretonne comme il se doit, puisque c’est là que nos chemins se retrouvent désormais tous les ans.

Jeannine Biehler


Sined N.

Entre mémoires intimes et confessions froissées, entre orages passés et contemplations éthérées, Carmen Pennarun livre un recueil qui monte en puissance, depuis les affres du doute matriciel jusqu’à la délivrance finale, semblant avoir défait une à une les coutures qui la reliaient aux blessures de l’enfance.

Plus qu’un simple recueil : une épopée forte et fragile tissée de mots par le rouet patient de la guérison.

Comme toujours, chaque vers est ajusté, chaque silence entre eux délimite une pudeur que l’on sent si longtemps retenue avant qu’elle ne se déverse par des chemins détournés, dans le foisonnement miraculeux et invisible de la Nature.

Si touchante et si sincère, la fluidité des émotions exprimées garde autant qu’elle questionne l’amour filial, parfois si rude, parfois si doux mais toujours loyal. Et quand l’âme, enfin, trouve le chemin de l’assomption, c’est pour nous livrer des pages d’une lumineuse beauté prise dans le souffle d’une éternité saisie au vol. »

Sined N. (06/05/2025)