La tête dans les étoiles – n° 12

Notre douzième newsletter mensuelle vous propose une brève réflexion sur la poésie et la chanson, vous raconte sur la Foire du livre de Brive où nous étions présents cette années encore, et vous invite à découvrir nos nouveautés.

En ce mois de fêtes, pensez à offrir des livres !

Dis-moi où va le silence

Alain Lasverne

Plage de Sète, en hiver. Long espace où règne le silence. Attirés par une noyée que la mer laisse revenir sur la plage, deux hommes s’y rencontrent : Nicolas et Manuel. Deux vies, deux trajectoires qui vont se révéler à elles-mêmes, à la faveur de cette collision, possible collusion. Nicolas, dès leur rencontre, décide de convoquer un journal intime qui redonnera peut-être, par quelque alchimie du verbe et de la chair, la forme d’un avenir à sa vie, à son couple. Le roman, comme une vie plus libre, sinon plus
belle, dans la grande tradition revisitée du héros et de son double magnifié. Il s’agit de voir jusqu’où peuvent se rencontrer deux êtres. Jusqu’où ils peuvent se décrypter l’un l’autre, et à quel moment l’incommunicable, la limite fondamentale qui nous a jeté seul dès le départ, les ranime ou les éteint.
Un roman au style lyrique et contemporain, accroché aux blessures et aux prières de deux hommes sur une plage. On pense à Faulkner, à ses héros fiévreux enfermés dans leurs destinées. On pense à Céline et son écriture fracassée comme ses anti-héros. Le secret est un maître exigeant. Derrière la porte où il se tient, attend la lumière ou Charon.

Roman, format 120 x 180 mm, 284 pages N&B

Le cœur à l’envers

Fitaki Linpé

le poème vient
comme une envie de pisser
de l’enfance
je joue, je joue, je joue
et soudain l’envie pressante
le poème impossible à différer
dictatorial
qui mène je ne sais où
pas vers un trou
j’espère
vers la lumière !
à suivre de toute façon
en pleine confiance
car le poème
m’aime
car le poème
sème
au-delà de la contingence
les fleurs de l’instant
et s’il me prend comme une envie de pisser
je me déleste de ses mots
sur un petit rectangle
blanc
de silence

Recueil de poésie et photographie, format 145 x 205 mm, 134 pages N&B

Nuances

Jean-Marc Percier & Deborah Vittot-Huot

La tradition du haïku invite l’auteur à jouer avec les mots, tels des balles qui dansent au rythme de l’instant. Jean-Marc Percier s’y livre ici, partageant 180 haïkus nés de sa contemplation des beautés du monde, de ses paradoxes et des émotions qu’elles suscitent en lui. Ses poèmes vibrent d’une résonance intime avec le temps, les arbres, les êtres qui croisent son chemin… Joies, désirs et doux étonnements se mêlent en filigrane, tandis que les illustrations à l’encre de Chine de Deborah Vittot-Huot viennent les sublimer dans un dialogue visuel délicat.
Né au Maroc en 1953, Jean-Marc Percier façonna son goût pour l’essentiel et les « mots-clés » au gré de
ses voyages et de son enfance ensoleillée. Aujourd’hui, il goûte aux fruits de la nature depuis son refuge à la campagne.
En écho, Deborah Vittot-Huot, née à Londres en 1970, a trouvé son propre ancrage dans une ferme pyrénéenne. Agrégée d’arts plastiques, elle enseigne et crée avec une sensibilité saillante, ici marquée par le noir profond de l’encre de Chine, qui se prête aux nuances subtiles du haïku, chaque illustration répondant aux poèmes par des instantanés de vie et de temps.

Texticules (Pâte éthique suivi de Elle dort à dos)

Jean-Paul Gavard-Perret

« J’appelle ces courtes proses disparates chargées d’anomalies, elles me laissent perplexe. Tout cela aurait un sens, mais lequel ? Sensuel pour avancer dans l’obscur, à la recherche d’un inconnu qui s’obstine à demeurer clos. Mais, prêtez-leur attention : elles s’empareront de vous. C’est à craindre, mais ce n’est pas sûr. Bénis soient vos élans les plus intimes ! Quant aux mots pour mieux répondre aux questions posées, ils scrutent, sur veillent, fouillent dans tous les plis des lobes qui nous hantent. Chaque question est maîtresse de tout, mais les réponses (forcément ratées) ne signalent pas la vérité ; toutefois, multiple et une, avec l’éclat d’apostasie d’une papesse, je certifie deux hypothèses absolues : la mémoire de l’amour et la longueur d’une robe. »