Jabadao du cœur ébloui

Daniel Malbranque

Longtemps stigmatisée, voire interdite par l’église catholique, le jabadao, cette danse bretonne endiablée, est l’expression d’une communion intime avec les forces qui émanent du Ciel et de
la Terre. On peut la comparer à la gigue, à la sarabande, voire au tournis des derviches mystiques. En reprenant à son compte ce terme et sa philosophie, Daniel Malbranque nous indique que la poésie a
vocation à nous entraîner vers un monde où les mots, par leur danse effrénée, transfigurent notre vision et nous transportent en pleine joie. Car le style du poète est ici jouissif au possible, ne s’interdisant
aucune liberté, se permettant toutes les audaces, y compris celle de ne pas en avoir. Tout ceci serait périlleux, voire ridicule, si une grande maîtrise stylistique ne venait en soutenir la folie. Maîtrise stylistique que Daniel Malbranque possède, ainsi qu’une grande volupté dans l’usage des mots et un talent rare dans l’évocation des sentiments et des émotions. On est conquis ! On kiffe ! Plijout a ra ! comme il est dit dans son pays. Vous serez vous aussi transporté(e).

Format 145 x 205 mm, 190 pages N&B

La tête dans les étoiles – n° 7

Cher(e)s ami(e)s,

Si la politique nous divise, nous, chez Constellations, vous proposons de nous rassembler autour d’un bon livre, d’une agréable lecture ou d’un événement littéraire/culturel. Car l’art, lui, est censé nous mettre d’accord sur ce qui est beau et bon dans l’Homme, nous apporter quelques moments de sérénité, et nous purifier l’âme de toute trace d’amertume.

Avec notre newsletter n° 7, nous vous souhaitons de bonnes vacances et un bel été en bonne compagnie.

Camille Seinobec : tous les garçons et les filles

Chez une telle poétesse, la passion ne veut parfois pas un rouble. Mais la victoire des femmes est d’ici ou d’ailleurs même si parfois elles courbent l’échine. Existent donc au-delà de la roupie des cents sonnets des grâces roturières ou non.
Sous les tamaris une femme – mais elle n’est pas unique – se languit. Et qu’importent les menteurs. D’une semaine à l’autre c’est toi et c’est moi et la vie va en émois. C’est l’acmé du jour. Et de la nuit itou. Il faut donc toujours, comme le rappelle l’auteure, « Entreprendre l’impossible / Atteindre les sommets ». Oser est bon : même se réfugier dans l’ombre.
Cela surprend et amuse en vespérales épousailles – ou ce qui en tient lieu. Car c’est intense, violent, dense, déroutant. Oui à la chair et ses sens. Les rêves alors roses et bleus redeviennent un petit soir chaud comme le secret creux de paille sous la charpente de la grange de mon enfance. Encore et encore le songe reste grand et ardent, le tout avec ferveur qui ourle de dentelles les plus intimes émotions. Parfait en l’espérance !

Jean-Paul Gavard-Perret

http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/poesie/review/1957560-camille-seinobec-tous-les-garcons-et-les-filles

Volent âges

Retour de lecture du recueil « Du Fol Amour à la Grâce »

Dolente de l’ombre, l’amoureuse se veut ici belle cap­tive rêveuse. Enfin, presque. Ces décla­ra­tions intem­po­relles ou non dis­tri­buent à la pas­sion du corps et du cœur une grâce cer­taine, le jour et la nuit, des sources à la mer. Son désir fou fut par­fois à l’envers Hôtel de Roissy, à Venise ou à Mel­lieha Bay — his­toire de renaître aux essences pre­mière jusqu’à deve­nir femme ailée et en ape­san­teur.
Pour une telle femme, l’écriture est mémoire, mais c’est un lâcher-prise aussi pour que remontent cer­tains ivresses, par­fois sobres — mais ce ne sont pas les seules. Avec la sueur des amants, la clé du bon­heur s’ouvre par­fois. Et de gré plus que de force.

Dès lors, pour L’Effacée la vie est une fête. Et dans ce but peut suf­fire le songe d’un jour d’été ou un moment de sieste ves­pé­rale en un duel sen­ti­men­tal qui efface toute mélan­co­lie au par­fum de vanille ou de gre­na­dine. Tout se joue par­fois à la limite du visible ou du fan­tasme et c’est un par­fait délice.
Certes, existe par­fois la vanité aveugle, si bien que « cha­cun trompe l’autre Mur­mu­rant pate­nôtre » en une his­toire somme toute banale de notre temps. Mais il existe de bels et bons fes­tins de l’amour par­ta­gés sans savoir qui ensor­celle ou mange l’autre. Mais la partie est gagnée. Et sur­tout, elle reste à recom­men­cer. En avance donc, pour ne jamais ces­ser : les âges importent si peu.

Jean-Paul Gavard-Perret

https://www.lelitteraire.com/?p=103015

Attentat du tableau

Yannick Girouard

Dans ce roman puissant, d’une actualité brûlante, situé dans le contexte de la guerre israélo-palestinienne, nous suivons Gabriel Ruevos, un grand reporter profondément marqué par les horreurs de tous les conflits qu’il a traversés, alors qu’il sort d’une clinique psychiatrique. Sa compagne, artiste
peintre palestinienne, tente de l’aider à travers ses tableaux. Cependant, ses toiles ne font pas seulement débat, elles suscitent même le scandale dans les milieux concernés : en parodiant notamment le Guernica de Picasso, elle célèbre le destin malheureux de son peuple et son espoir de paix. Elle ose représenter, au centre de l’œuvre, Gabriel, son époux. Ce dernier incarne-t-il déjà la victime émissaire, selon la philosophie de René Girard ? L’amour le mènera-t-il jusqu’au sacrifice pour devenir l’incarnation de sa propre image dans le tableau ? Les rebondissements et les tensions maintiennent
jusqu’au bout un suspense captivant.
Yannick Girouard ne lésine pas sur son talent de conteur. Il tisse une histoire palpitante aux personnages plausibles et dialogues convaincants, ce qui séduit davantage le lecteur plongé dans l’univers décrit avec l’habileté des grands auteurs.

Format 145 x 205 mm, 198 pages / 1 en couleurs