Toussa pour ça suivie de Firmaman

Jean-Paul Gavard-Perret

Sous la férule encore floue du désir, apprendre l’anatomie mieux que l’alphabet. Se décline l’âme errante des êtres et des choses bien plus que la différence des lettres de ce qui sépare et unit. Soudain dans les herbes hautes, trèfle et bouton d’or – que le court vêtu permet d’effleurer facilement – s’effeuille facilement. Quant aux engagements futurs ils tiennent au verdict des pétales de la marguerite. Certains nomment cela le venin de la connaissance, d’autres, le serpent de la tentation. Ce n’est que l’histoire éternelle d’Eve et d’Adam et des archives de la création. Elles ne connaissent pas de musée mais prairie ou terrain vague – du moins lorsque c’est la saison du paradis sous les paumes et les palmes. C’est aussi ’entrée par effraction dans les fantasmes comme dans des draps d’un lit défait où s’enrouler semble enfin possible et où l’inconscient ignore les frontières.

La sirène de l’être suivie de Enfancia

Marine Rose

« Dans ce recueil le terme « sirène » qui contient en lui-même plusieurs significations m’a permis de jouer sur l’ambiguïté de l’être. La part de fascination que celui-ci inspire, mais aussi la crainte et la monstruosité que peut susciter un être qui n’est pas encore révélé à sa lumière, son mystère empreint de dualité, son obscurité. L’être humain est capable de tout, du pire comme du meilleur, l’être divin est un continent encore en partie inexploré, qui comporte les zones d’ombres de l’inconnu et ses dangers. En effet, l’être imparfait serait englouti par la révélation de la vérité pure de l’être.
D’autre part l’être, masqué souvent par des illusions, le voile de l’habitude, de pensées qui ne parviennent à s’émerveiller, est aussi ce cri d’alarme qui demeure en nous, l’origine de la nécessité de notre éveil. »

Phare d’eau

Jean-Paul Gavard-Perret

Écrire ne défait nulle emprise. Envie d’être pourtant, comme le rappelle l’ange dit « gardien » et frémissant d’une jouissance longtemps tenue sous la peau. Face à la sensation d’être rien, un corps prend la parole. Et ce, au nom d’un manque de père caché derrière une mère nourrissante bien en chair devenue dévorante et lumineuse mater. Ce qui ne peut que sourdement la déprimer. Quant à celui qui suit, son moi désormais troué se réalise sur le plan du fantasme qui au besoin ouvre à la création, à l’intellectualisation, à la déviance ou au suicide. Mémoire de la chair du corps du père presque absent, mémoire du corps de mère dissous. Celui des amantes engendre des doubles. Désiré, un tel sujet révèle l’objet perdu, le représente. Retour à une mère vivante revendiquant une jouissance dont elle s’est privée.
Le fils s’entend dire oui mais le non est à l’intérieur. L’analyse logique n’a pas de prise. Trous de silence, interdits, dans le discours où le « ma » ment. Comment rejouer le deux ? Le masculin s’étonne devant le féminin. L’inverse est vrai aussi. Est-ce là brouiller les pistes ?

Baruch Elron – La magie du pinceau

Adrian Grauenfels

Un ouvrage exceptionnel nous présentant ce grand peintre Baruch Elron et ses magnifique réalisations.

« Elron fluidifie le temps, crée des chimères, du surréalisme et un onirique qui donne à réfléchir. Son langage pictural est basé sur des symboles internationaux actualisés et adaptés à la réalité moderne. Nous découvrons rapidement que chez Elron coexistent deux couches de réalité : la première, c’est la réalité généralement acceptée, la deuxième, celle à laquelle il superpose sa perception personnelle. La dualité de l’interprétation capte immédiatement l’attention du spectateur. »

Format A4, 94 pages, images en couleurs

Une réponse à “Baruch Elron – La magie du pinceau”

  1. Avatar de CHOURRY Josselyne
    CHOURRY Josselyne

    Entrer dans l’espace pictural de Baruch Elron (1934-2006), c’est apprendre à laisser cohabiter ancien et présent, à revisiter des histoires bibliques transposées dans notre temps. Mais si Elron est inspiré par ses origines juives, ses peintures sont à la fois nostalgiques et universelles, naviguant dans les filets du temps comme d’éphémères papillons qui renaissent à chaque instant dans l’envol de son pinceau. Elron est un magicien, qui joue avec les couleurs, compose des premiers plans délimitant l’espace de la toile pour attirer notre regard, mais derrière il inscrit un autre horizon à découvrir, tel un jeu de piste pour nous inviter dans son intimité. Il y dépose aussi des objets hétéroclites en apparence, des balles de fusil abandonnées près d’un vase bleue, des insectes, des bulles transparentes, comme des rébus à décoder. Elron capte notre attention puis suggère, semble nous lancer un défi.
    Comment qualifier son style ? Imaginaire et réaliste à la fois, fantastique, un brin subversif, surréaliste, intimiste parfois, ludique aussi ? – Comme écrit son biographe Adrian Grauenfels : « Avec son originalité et son esprit artistique imaginatif, Elron influença fortement l’art israélien et étranger. Le style réaliste-fantastique tient compte de l’environnement, de la condition humaine et du comportement complexe de ses semblables. Il cherche à déchiffrer le cœur et l’âme du sujet. Son esthétique atteint ce moment magique où l’artiste trouve l’équilibre parfait entre abstrait et réel, enfance et vieillesse, lumière et ombre, rêve et réalité. »
    Elron osa et fit, intégrant des personnages bibliques à notre époque, n’hésitant pas à revêtir le prophète Jonas avec une combinaison de plongée, entouré de nos déchets. Elron évoque nos paradoxes humains, il observe et met en scène nos outrecuidances. Sa Tour de Babel a huit jambes et son diptyque de Sodome et Gomorrhe présente d’un côté une scène débridée et carnavalesque, de l’autre un sol mosaïque à damiers noir et blanc qui semble prolonger un rocher, puis une chaise en chair aux formes féminines avec au sol des bulles d’espoir. Il y a de l’inachevé et une possible espérance dans son œuvre. Rien n’est totalement triste et désespéré.
    Avec Adam et Eve, il n’hésite pas à bouleverser les symboles en remplaçant les feuilles de figuier qui cachaient leur nudité par des billets, des dollars en l’occurrence, dont l’allusion au libéralisme économique et à notre société de consommation effrénée est évidente. Mine de rien, Elron dénonce, et si certains trouvent ses représentations quelques peu iconoclastes, qu’importe ! Car son œuvre entière est impressionnante, par sa composition, par un style Renaissance revisité parfois, un clin d’œil à la Vinci, un brin de Dali, avec des toiles narratives où affleurent des symboles éternels. Baruch Elron est unique et c’est en cela qu’on reconnait un grand peintre, un maître pour la postérité qui s’inscrit dans la Grande Toile de l’humanité.
    Voici un livre-album, un livre-musée à lire et à regarder dont je conseille amplement la découverte. A savourer sans retenue, sans oublier les bribes de poèmes qui l’accompagnent !
    Merci à Adrian Grauenfels pour cette compilation d’œuvres d’Elron ainsi qu’à l’animatrice des éditions Constellations pour cette excellente publication.

Le mystère Rocamadour

Père Ceslas-Marie

Le Père Ceslas-Marie raconte au visiteurs et pèlerins l’étonnante et tellement belle histoire du sanctuaire de Rocamadour qu’il le leur fait découvrir dans « toute sa splendeur ».

« En faisant un bond prodigieux de 30 000 ans en avant, on arrive au Ve siècle après Jésus-Christ. Que se passe-t-il ici au Ve siècle après Jésus-Christ ? Arrive, en ce lieu, un homme qu’on appelle un ermite. Savez-vous ce qu’est un ermite ? […] Un homme qui vit seul, tout à fait. Pourquoi vit-il seul, est-ce parce que c’est un misanthrope ? Non. Quel est alors le but de cette solitude ? […] C’est effectivement la recherche du Dieu dans la prière et la solitude. Cet ermite a un nom qui va vous dire quelque chose, du moins je l’espère, sinon cela veut dire que vous êtes fatigués. Il s’appelle Amadour, ça vous dit quelque chose ça, Amadour ? […] Roc-Amadour, vous l’avez bien deviné, il a donné son nom au lieu. »

Format livre de poche (11×18 cm), 80 pages, images en couleurs