La fenêtre ouverte d’Amalia Achard

Retour de lecture de Jean-Paul Gavard-Perret

Avec Amalia Achard la poésie et la photographie distribuent des morceaux de lumière. Subsiste l’air qui passe et qu’on ne voit pas forcément même lorsque le paysage semble immobile.
À travers le poème l’ombre se transforme en lueur. L’accent est mis sur l’intimité, l’immanence, la présence aussi lointaine que le lointain est proche.  Amalia Achard ramène à un murmure qui bouge au fil du temps avec l’impression subtile que quelque chose est sur le point d’arriver entre la neige et le soleil. Le livre reste un soliloque en hommage à la vie. Une philosophie humaniste s’imprime à travers les phrases précises que les poèmes déroulent. Leur auteure reste celle qui jette quelques mots, les regarde s’ouvrir et ce bien avant l’heure des cendres.
Mots et images font sentir ta chaleur au sein des lieux  où rien ne bouge en dehors des actes mille fois répétés, des sensations mille fois perçues à l’identique. Le poème soudain se réduit à l’os. L’économie poétique se fait pour qu’un ordre renaisse.
C’est pourquoi la nuit la poétesse laisse la fenêtre ouverte. Elle espère que dans la pâleur blafarde de lumière de lune, le silence se fasse moins lourd et que les mots reviennent  au matin en un flux de luminescence – jadis en Roumanie, aujourd’hui à Brive. Si bien que le jour n’en finit pas à hauteur d’être et des éclats de vie.

Jean-Paul Gavard-Perret

http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/poesie/review/1955781-la-fenetre-ouverte-d-amalia-achard

C’est ma nature

Amalia Achard

« Amalia Achard écrit juste et limpide. Le sentiment est là et s’oppose à bien de noirs lambeaux qui flottent sur le monde. L’amour les remplace ici et s’élève contre la haine et la désestime de certains envers les autres. […] C’est pourquoi elle transforme sa poésie en ouverture. Image et fief de la fantaisie, celle-ci reste surtout « Un goutte-à-goutte d’émotions / qui comble l’âme de quiétude (…) / Inouï
voyage pour l’esprit, / contrée d’amour et de jouissance / au large et séduisant pertuis / que l’on franchit sans résistance ». Bref, la poésie est une femme qui se donne par amour et contre les violences et les conflits qui remplissent le monde. […] Les photos qui accompagnent ses textes leur donnent une force particulière. Elles ne se limitent en rien à une illustration. Face au factice deviennent une sorte de dictionnaire visuel des fondamentaux qui animent la poétesse et la vie au plus nu. »

Jean-Paul Gavard-Perret

J’ai un visage, des gestes
des pensées
tous les organes bien en place
larmes et sourires
pour toutes les circonstances
il me manque juste la lumière
censée m’éclairer
lorsque la nuit
tombe en moi

Evohé ! Evohé ! – critique 2

Note de lecture de Raynald Boucher

« Toute l’agitation du monde ne changera rien à ce qui demeure(…) » nous dit l’auteure au début du recueil…

Les mots fleuris à l’espoir, de Carmen, dans son magnifique recueil de poésie, Évohé Évohé, nous transportent bien au-delà de la brume du temps. Ils nous permettent de transcender l’espace confiné de l’abrutissement sonore de nos cités, froides et bétonnées, et là, en un voyage merveilleux, presque tout près, en soi, dans le cœur et l’essence même de la nature, de retrouver l’éclat lumineux de notre mère terre. Nous y voyons presque naître la beauté évanescente qui ne demande essentiellement qu’à s’exprimer, qu’à s’inspirer du souffle créateur de la vie qui est, qui bat, qui va et qui s’en va pour revenir l’instant d’après…

Sa poésie est fluide, riche, sensible, tendre, et surtout gourmande du plaisir d’être réellement vivant. Vivre pleinement, bien ancré dans la chair du vivant sous toutes ses formes, de le voir s’épanouir sous nos regards avides. Comme le chant du vent qui se lève à l’aurore, elle nous emporte dans son rêve éveillé, à l’intérieur même de sa boule de verre, avec une harmonie renouvelée par les beautés du monde, de son monde, de son coin de pays, qu’elle aime tant partager.

Ses mots sont une recherche exhaustive de la beauté du monde. Ils savent s’étonner de la moindre parcelle de vie en cette nature si belle et foisonnante, et si essentielle et variée pour elle! J’ai bu, à ses poèmes comme si j’habitais le ciel de ses rêves, jusqu’à humer les parfums de fraîcheur de son jardin et goûter aux essences de la terre qui a porté ses pas !

Évohé Évohé est une musique douce à l’oreille, si chaude des couleurs translucides des aquarelles du temps qui passe au travers de la dentelle tissée serrée de l’amour de la vie, de l’humain et de la nature qui me semble l’habiter!

Raynald Boucher

Autopsie d’une Algérie jamais en paix

Kacem Madani

Kacem Madani fait partie de ces universitaires algériens qui ont quitté leur pays au lendemain de la légalisation anticonstitutionnelle par Chadli Bendjedid des partis islamistes comme le FIS pour échapper à une chape de plomb dont il a voulu extraire ses enfants.
Professeur de Physique pendant plus de quarante ans, en Algérie puis en France, c’est en scientifique affirmé, en pédagogue averti, en universaliste convaincu et en perpétuel révolté qu’il dissèque et analyse, à la fois avec sérieux, pertinence et facétie, les extravagances politico-sociales d’un monde à la dérive pour alerter sur la bêtise humaine qui gangrène nos sociétés prétendument évoluées ; avec, en ligne de mire, ces incartades relationnelles entre l’Algérie et la France d’en haut qui prennent des allures de « je t’aime… pas, moi non plus » révoltants et antithétiques des espérances du citoyen d’en bas. À ce propos, l’auteur ose clamer haut et fort ce que la majorité des Algériens – et certainement de Français aussi – pense tout bas : il est temps de tourner la page de la sale guerre pour amorcer des relations amicales profitables aux deux pays afin d’écrire enfin les plus beaux chapitres de notre Histoire commune. Le devoir de mémoire est nécessaire, mais les impératifs du futur se doivent d’être nettement
plus prometteurs, plus généreux, plus humains.

Il a neigé sur les baobabs

Bernard Poullain

Du Burkina jusqu’au Col de l’Échelle, entre l’Italie et la France, des baobabs jusqu’aux sapins blancs, ce récit romancé est celui d’un parcours de migrant qui découvre la neige et le froid ; épuisé, dans un dernier effort de lucidité, il associe ses souffrances et les souvenirs de son pays.
À la suite, l’auteur adapte ses diverses formes d’écriture (prose, poésie, Haïkus…) pour dénoncer de multiples atteintes à la dignité de l’homme (emprisonnement, guerres, attentats…). Il développe ses réflexions sur le mal et sa puissance destructrice imposée à l’homme.
Ses textes sont vrais, poignants, percutants et nous rappellent au devoir d’humanité. Ils sont empreints de spiritualité dans des réflexions sur le dilemme entre la croyance et l’inéluctabilité du mal.
IL A NEIGÉ SUR LES BAOBABS est un CRI
Contre toute atteinte à la liberté, pour le respect de chaque vie.
Un Cri qui bouleverse nos indifférences.