Maria Postu
Dans l’univers de Maria Postu, l’écriture devient une danse séduisante entre les mots. À travers « Les enfants de la fleur de chardon », elle dévoile un style singulier, à la fois délicat et savoureusement marqué de sa touche personnelle. Ses poèmes surpassent la lisière de la poésie conventionnelle,
offrant une expérience littéraire saisissante. Portée par une rhétorique persuasive et émouvante, son œuvre explore les grands thèmes de la poésie avec une maîtrise déjà évoquée par les critiques et les lecteurs. Elle infuse, sans ostentation, tel un cheval de Troie, la nostalgie de l’enfance dans l’âme du
lecteur qui – volontairement – accueille ces vers empreints de résonances universelles. L’amour, indissociable de la vie, est également dépeint, non comme un mythe merveilleux, mais en une palette authentique, dépourvue de tout artifice, plus « humain », dramatique parfois, avec ses vives hypostases. Les vers de Maria Postu s’imposent comme un joyau poétique, une œuvre qui résonne en écho
avec les épopées majeures de la poésie mondiale. Sa ténacité à polir l’expression poétique jusqu’à l’hermétisme alterne avec la réflexion profonde, laissant à la littérature contemporaine l’empreinte indélébile de son talent indéniable.
Format 200 x 200 mm, 86 pages N&B
Un poème « comme une métaphore de rechange à la fin du festin » (p 15) est-il un dessert ou une entrée à la table de Maria Postu ? Est-il le fruit d’une nostalgie lointaine seulement ou encore une nécessité d’exprimer une faim insatiable d’être en ce monde ?
Le style particulier de Maria surprend au premier abord, puis on est pénétré par lui, submergé par la profusion de son langage, imprégné de son environnement prosodique jusqu’à partager « le pain rassis et les figues sèches » (p 7). Alors, on entend la voix de la poétesse nous sustenter « derrière le rideau de velours, derrière les milliers de décors transformés les uns dans les autres / d’une pièce à l’autre » (p 8) puis on peut « se laisser porter par le son jusqu’à la scène / au milieu d’un décor inconnu » (p 9).
Maria Postu questionne le passé, l’enfance et tout ce qui s’inscrit sur la rétine de ses souvenirs … elle questionne même le néant ! Dans son « Voyage vers la vie », il y a « La face cachée du conteur », peut-être aussi « La mort à l’aube » … autant de titres perlés de phrases énigmatiques aux confins de l’hermétisme, mais qui restent néanmoins ardemment poétiques. A eux seuls, les titres font poème. La poétesse ne pose jamais réellement ses mots mais les suspend en vol, « la lumière de la rose remplace le livre » (p 14) et voici « des villes en chrysalide, des planètes en miniature » (p 16) que l’on emportent dans un incessant voyage en soi. Telle Cendrillon qui « s’est trompée de vocation en devenant dompteuses de tigres », Maria Postu vit des métamorphoses mais en chacune d’elles revient la femme qui est paradoxalement « cette femme qui n’est jamais revenue » tandis qu’elle cherchait « sa boucle d’oreille perdue en mer » (p 25). Que cachent ces mots ? – Si ce n’est la face immergée d’un iceberg qui recèle les mystères profonds de la psyché humaine !
Si « la boite aux lettres du ciel est pleine de lettres / non lues » (p 44), assurément ma bibliothèque poétique s’est enrichie des poèmes de Maria en ouvrant avec elle « la porte du paradis perdu » là où se cache notre âme d’enfant.
Indéfinissable, insaisissable, inclassable, la poésie de Maria Postu sort le lecteur de son confort, elle le malaxe d’incertitudes et de comparaisons, elle le déracine de son fauteuil, elle l’éparpille et le dissémine entre ses phrases surprenantes, « et quels poèmes survivraient à tant de variations de température dans nos cœurs ? » (p 43)
Il y a à la fois un côté shakespearien chez Maria Postu et l’âme d’une tragédienne grecque, ou encore le fragilité d’une bande son « comme dans un film rembobiné jusqu’à la rupture de la bande… » et puissions-nous dire comme elle « chaque jour, je me demande si mon année la plus heureuse est passée / ou si elle se profile à l’horizon » (p 51)
Son cri, ses angoisses et ses désarrois, sont aussi nôtres, enfouis profondément. Lorsqu’ils affleurent à la conscience, ils semblent surgir de nulle part dans un retour amer sur soi où toutes nostalgies a cependant la capacité de soulever des espoirs quand « les Juliette fatiguées dépoussièrent la dernière édition de Shakespeare » (p 32). Ce cri mouvant (comme la vie) tolère « les poèmes en désert et les mots en jardin » qui poussent les poètes à s’enliser dans les chemins de blessures qui transcendent la feuille blanche.