Chronique sur le recueil « Quand la vie… »
Comme le précise si justement J-F Blavin préfacier de cet ensemble de poèmes, « Charlotte Rita essaye de tenir une balance de justesse entre les anges et les démons qui flottent autour d’elle ». Son monde est peuplé de l’univers du merveilleux et du magique comme autant de la douleur et de la difficulté d’être des abysses du quotidien selon une variété de formats et scansions poétiques.
Côtoyant la volonté et le découragement, néanmoins l’amour perdure. La postulation baudelairienne de Dieu et de Satan reste également. Ici, le temps fuit et s’oublie. Le corps de la poétesse flotte parfois en divers courants et labyrinthes. Aspirations et suppliques se succèdent pour que l’amour et sa musique des âmes tiennent.
Des images assombrissent, d’autre éclairent en épousant ce qui est. Parfois, il s’agit de chercher des raisons mensongères, des excuses pour sauver ce qui peut l’être. Mais des fantômes de la jeunesse comme du cinématographe ne se font pas forcément la belle.
À l’inverse, la poétesse l’est : elle cultive les complots de ses rêves pour anéantir ce qui est. Pas question pour autant de peigner l’âme en ange. Au sein de rapports de dominations ou de fantasmagories, prise, éprises entre l’absurdité, le désordre, etc., l’auteure tient. Sa volonté la transporte tout en préservant sa lucidité face aux illusions sans pour autant se contenter de pansements factices même si parfois un « crépuscule libertin » allume un chant d’amour. Voire… car les sortilèges de l’amant « devenu jongleur » cachent le « Lanceur de pierres et de frondes ».
Fidèle à son carré d’as, Charlotte Rita peut jouer au Casino du destin à la table de l’espoir. Mais méprises, larmes, crédulités donnent de mauvaises cartes. Toutefois se dissipent l’audace, la raison folle, l’abandon du dépit, face aux épreuves et accidents. Preuve qu’une telle auteure marche et avance. Déchirant les vieilles images, que vogue encore son navire. Et le dernier poème de ce livre ouvre un sublime Pari : le jeu est moins hasardeux que pascalien.
Jean-Paul Gavard-Perret