Du Fol Amour à la Grâce – Retour


Volent âges

Dolente de l’ombre, l’amoureuse se veut ici belle cap­tive rêveuse. Enfin, presque. Ces décla­ra­tions intem­po­relles ou non dis­tri­buent à la pas­sion du corps et du cœur une grâce cer­taine, le jour et la nuit, des sources à la mer. Son désir fou fut par­fois à l’envers Hôtel de Roissy, à Venise ou à Mel­lieha Bay — his­toire de renaître aux essences pre­mière jusqu’à deve­nir femme ailée et en ape­san­teur.
Pour une telle femme, l’écriture est mémoire, mais c’est un lâcher-prise aussi pour que remontent cer­tains ivresses, par­fois sobres — mais ce ne sont pas les seules. Avec la sueur des amants, la clé du bon­heur s’ouvre par­fois. Et de gré plus que de force.

Dès lors, pour L’Effacée la vie est une fête. Et dans ce but peut suf­fire le songe d’un jour d’été ou un moment de sieste ves­pé­rale en un duel sen­ti­men­tal qui efface toute mélan­co­lie au par­fum de vanille ou de gre­na­dine. Tout se joue par­fois à la limite du visible ou du fan­tasme et c’est un par­fait délice.
Certes, existe par­fois la vanité aveugle, si bien que « cha­cun trompe l’autre Mur­mu­rant pate­nôtre » en une his­toire somme toute banale de notre temps. Mais il existe de bels et bons fes­tins de l’amour par­ta­gés sans savoir qui ensor­celle ou mange l’autre. Mais la partie est gagnée. Et sur­tout, elle reste à recom­men­cer. En avance donc, pour ne jamais ces­ser : les âges importent si peu.

Jean-Paul Gavard-Perret

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Chez une telle poétesse, la passion ne veut parfois pas un rouble. Mais la victoire des femmes est d’ici ou d’ailleurs même si parfois elles courbent l’échine. Existent donc au-delà de la roupie des cents sonnets des grâces roturières ou non.
Sous les tamaris une femme – mais elle n’est pas unique – se languit. Et qu’importent les menteurs. D’une semaine à l’autre c’est toi et c’est moi et la vie va en émois. C’est l’acmé du jour. Et de la nuit itou. Il faut donc toujours, comme le rappelle l’auteure, « Entreprendre l’impossible / Atteindre les sommets ». Oser est bon : même se réfugier dans l’ombre.
Cela surprend et amuse en vespérales épousailles – ou ce qui en tient lieu. Car c’est intense, violent, dense, déroutant. Oui à la chair et ses sens. Les rêves alors roses et bleus redeviennent un petit soir chaud comme le secret creux de paille sous la charpente de la grange de mon enfance. Encore et encore le songe reste grand et ardent, le tout avec ferveur qui ourle de dentelles les plus intimes émotions. Parfait en l’espérance !

Jean-Paul Gavard-Perret

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