Ils disent le monde. Ou plutôt le dénoncent. Le subissent. Voici quelques portraits (in)visibles et autres (in)discrétions. Des personnes croisées, d’autres imaginées. Des expériences vécues d’autres anticipées. Leurs récits rappellent qu’il est important d’être vrai et de se respecter. Heureusement, la Beauté et sa brigade d’intervention sont là pour vous le rappeler…
Un recueil de nouvelles qui interpelle et invite à réflexion.
Il y a des poèmes dans lesquels on entre à pas feutrés, de peur de troubler leur intimité. Il y a des écrits à huis clos qui brassent des angoisses en voilant leurs larmes par pudeur et des rêves que le temps a suspendu loin des regards dans « Une seule grande chambre / Peinte en noir et blanc / Avec beaucoup de miroirs » (p. 33) qui nous mènent sur l’échiquier de l’existence où l’autre nous ressemble au plus profond de nous-mêmes. Soudain, au détour d’un poème, on décèle un rayon de soleil à demi-teinte, à demi-mot, et voici une porte à cœur ouvert « A l’abri du monde… », là où Linda Chouiten jardine, plante et sème ses émotions «sans jamais savoir si / Elles poussent un jour» (p. 17) – Alors, elle erre de poème en poème et nous interroge : « Vous voudriez que je sois un clair de lune Vous voudriez que je sois une bougie Vous voudriez que je sois un éclair » (p. 18 et 19) La poésie n’est-elle pas déjà cette quête de lumière à travers le langage, n’est-elle pas « Une grande bougie qui éclaire / Nos longues nuits d’hiver » ? L’éclair n’est-il pas là « Pour nous rappeler que la pluie / Sourit alors même qu’elle gronde » ? Les déserts de Lynda Chouiten sont parsemés d’oasis inspirées, teintées de « Triste bonheur », abreuvées des paradoxes de « Nos esprits tourmentés » ; titres évocateurs à eux seuls ! Au fil du voyage poétique, on espère que la poétesse s’apaise et devienne compagne de voyage, que son « cœur en crue » déborde les pages et que, de fil en poèmes, elle fasse fleurir ses déserts et continue dans le silence du livre fermé à nous parler d’âme à âme.
Dans l’avion du retour définitif, en juillet 1991, à l’issue d’un séjour de trois ans en Mauritanie, Régis Leblanc relit le récit (romancé ?) de sa vie et de ses origines, qu’il rédige depuis six mois. Universitaire reconnu pour ses travaux sur l’État colonial, affecté comme assistant technique du directeur de l’ENA dans le cadre de la coopération française, il a voulu venir avec sa famille en Mauritanie, ce pays de sable et de vent où mourut son ancêtre, Luc Leblanc, en 1909, lors de la mission de pacification commandée par le colonel Gouraud, dans l’Adrar. Régis Leblanc, homme de droite, adepte de l’ordre et de la rigueur, défenseur des valeurs du travail et de la famille, va voir cet univers intellectuel si solide, si fiable, basculer pendant son séjour à Nouakchott. Pris dans le tourbillon d’événements historiques graves, comme les massacres de populations noires en 1989, ou encore la guerre du Golfe en 1991, ses certitudes vont s’effriter, cela d’autant plus que son épouse, lasse de ce pays qu’elle n’aime ni ne comprend, choisit le rapatriement en France. Resté seul, Régis Leblanc va connaître une histoire d’amour inattendue, qu’il va vivre intensément comme un miraculeux rendez-vous avec lui-même, comme, peut-être aussi, le retour des idées anticonformistes de sa jeunesse… S’il choisit finalement de revenir auprès des siens, reprendre le fil initial de son destin plutôt que de s’engager à fond dans cette relation nouvelle, c’est qu’il ne peut ni ne veut rompre avec son milieu, sa famille. Ce roman de Jean-Pierre Paulhac, nous fait mieux comprendre l’histoire de la France en Afrique : sa «conquête », son « œuvre de coopération » et puis, son départ. Comme si, finalement, l’histoire coloniale française n’avait été qu’une parenthèse de sable…
Dans l’univers de Maria Postu, l’écriture devient une danse séduisante entre les mots. À travers « Les enfants de la fleur de chardon », elle dévoile un style singulier, à la fois délicat et savoureusement marqué de sa touche personnelle. Ses poèmes surpassent la lisière de la poésie conventionnelle, offrant une expérience littéraire saisissante. Portée par une rhétorique persuasive et émouvante, son œuvre explore les grands thèmes de la poésie avec une maîtrise déjà évoquée par les critiques et les lecteurs. Elle infuse, sans ostentation, tel un cheval de Troie, la nostalgie de l’enfance dans l’âme du lecteur qui – volontairement – accueille ces vers empreints de résonances universelles. L’amour, indissociable de la vie, est également dépeint, non comme un mythe merveilleux, mais en une palette authentique, dépourvue de tout artifice, plus « humain », dramatique parfois, avec ses vives hypostases. Les vers de Maria Postu s’imposent comme un joyau poétique, une œuvre qui résonne en écho avec les épopées majeures de la poésie mondiale. Sa ténacité à polir l’expression poétique jusqu’à l’hermétisme alterne avec la réflexion profonde, laissant à la littérature contemporaine l’empreinte indélébile de son talent indéniable.