
« Chère Carmen, je viens de lire votre recueil « Evohé ! Evohé ! » et je me suis promenée dans vos poèmes comme dans une forêt (de mots) dans laquelle j’ai humé toutes les senteurs de votre inspiration. Votre écriture poétique a la légèreté d’une plume et la grâce d’une fleur. Tantôt fluides et presqu’aquatiques, vos poèmes savent aussi refléter des rayons de lumières à travers la frondaison de vos phrases ou s’ancrer dans la matière des mots. Vous écrivez au rythme d’un battement de cœur sidéral et vous lire est une offrande d’espérance. J’ai lu jour après jour vos poèmes à haute voix dans mon salon, car c’est ainsi que je goûte véritablement la musique des mots. Je tiens à vous dire que vous m’avez envoûté avec votre fabuleuse verve poétique. Il y a bien longtemps que je n’avais pas lu de telles poésies : celles qui émanent du tréfonds de l’âme. Merci. »
Josselyne Chourry
Les mots fleuris à l’espoir, de Carmen, dans son magnifique recueil de poésie, Évohé! Évohé!, nous transportent bien au-delà de la brume du temps. Ils nous permettent de transcender l’espace confiné de l’abrutissement sonore de nos cités froides et bétonnées, et là, en un voyage merveilleux, presque tout près, en soi, dans le cœur et l’essence même de la nature, de retrouver l’éclat lumineux de notre mère terre. Nous y voyons presque naître la beauté évanescente qui ne demande essentiellement qu’à s’exprimer, qu’à s’inspirer du souffle créateur de la vie qui est, qui bat, qui va et qui s’en va pour revenir l’instant d’après…
Sa poésie est fluide, riche, sensible, tendre, et surtout gourmande du plaisir d’être réellement vivant. Vivre pleinement bien ancré dans la chair du vivant sous toutes ses formes, de le voir s’épanouir sous nos regards avides. Comme le chant du vent qui se lève à l’aurore, elle nous emporte dans son rêve éveillé, à l’intérieur même de sa boule de verre, avec une harmonie renouvelée par les beautés du monde, de son monde, de son coin de pays, qu’elle aime tant partager. Ses mots sont une recherche exhaustive de la beauté du monde. Ils savent s’étonner de la moindre parcelle de vie en cette nature si belle et foisonnante, et si essentielle et variée pour elle! J’ai bu, à ses poèmes comme si j’habitais le ciel de ses rêves, jusqu’à humer les parfums de fraîcheur de son jardin et goûter aux essences de la terre qui a porté ses pas !
Évohé Évohé est une musique douce à l’oreille, si chaude des couleurs translucides des aquarelles du temps qui passe au travers de la dentelle tissée serrée de l’amour de la vie, de l’humain et de la nature qui me semble l’habiter!
Raynald Boucher
Des mots soufflés par le cosmos
Un jour, « une hamadryade (…) a soufflé » à Carmen Pennarun, « des mots de sève que son chêne lui a(vait) transmis ». La poétesse pénétra alors les arcanes de la nature : « la nature – un sanctuaire / à ciel et murs ouverts ». Dans l’immensité de ce temple sacré, qui face à l’éphémère échappe au temps, où seuls quelques initiés entrent intimement (« n’y pénètre que celui / qui en lui trouve la clé »), elle perçoit l’univers dans toute sa réalité sensible, l’appréhende par les sensations et les émotions, accédant ainsi à l’essence des choses. « Evohé ! Evohé ! », la poétesse, enthousiaste, dans l’exubérance de la sève vivifiante, interpelle la nature et la célèbre en inventant « des sonorités nouvelles, des mots bulle – vert chlorophylle, des gestes azurés (…) », entrant en osmose avec elle. La nature et la poésie se tissent alors harmonieusement, se révélant l’une et l’autre dans des échanges de champs lexicaux, « Ma poésie marche sur la tête / dans une clairière vide d’étoiles / où le temps se confond en désert / Le sel de la parole dissout la feuille / les tiges des mots ne lèvent rien (…) », dans une contamination féerique des mots soufflés par le cosmos.
Une perception synesthésique du monde
Dans Evohé ! Evohé ! Carmen Pennarun fait communiquer le visible et l’invisible dans des paysages où se confondent le rêve et la réalité, où se tressent le concret et l’abstrait : « forger des rêves sur l’enclume de l’existence », « l’écorce de l’âme ». La femme-fleur, métaphore de la féminité et de la nature, dessinée par Killian Pennarun sur la première de couverture du recueil révèle l’imaginaire de la poétesse. Cette hamadryade – lascive, nonchalante et altière, le front ceint d’un diadème rehaussé de pierres précieuses, soutenu en son centre par des ramures de cervidé, étale le camaïeu parme de ses voiles dénoués, découvrant son corps à moitié dénudé, une frondaison légère sur ses jambes entrouvertes, appel à l’amour, à la Beauté, à la vie -, nourrit d’emblée la rêverie esthétique, embarque dans un voyage onirique et lyrique. Elle annonce l’univers fascinant des poèmes de Carmen Pennarun, entrecroisement de la terre et du ciel, de l’eau et de l’air, (« Prendre la fleur / par ses racines aériennes / devenir oiseau / aquatique »), de la froidure et de la brûlure, (« Mes souhaits sont des flocons, ils fondent / sur mon âme incandescente (…) »), des sons et des couleurs (« sa musique / noire ou blanche », « le son bleu »), dans une nature où germe et s’épanouit la vie porteuse d’espoir («demain est un autre jour / Aujourd’hui est en germe / la fleur du lendemain/ prends-en soin // Imagine toutes ces graines / de promesse de vie / elles bougent / au rythme de la terre ») où règne l’amour, « Pénétrer la lumière / d’un accord dense / ainsi s’harmonise /à l’ange notre part humaine // un temps venue / aimer sur Terre », où l’âme retrouve sa place primordiale, « Ramenons en douceur notre âme au centre du moi / sans mièvrerie, sans orgueil – là est sa place », et élève vers la lumière : « Dans ce haut lieu de notre vigilante présence / nous rétablissons la lumière dans la demeure que le vide gagnait ». L’âme, la conscience et le corps en harmonie, « Habite ton corps, clair sera ton souffle / Habitue ton corps, juste sera ta parole / et tes pensées comme les pattes de l’araignée / seront au service de ton être tout entier » entrent dans la plénitude de l’expérience physique et mystique et dans une sensibilité religieuse ténue. La narratrice fait souvent appel à un lexique religieux dans ses textes (« chapelle », « âme », « voix de l’ange », « la foi », « mes prières », « La nativité est une fleur qui s’avance sans bruit / laissant l’étoile mener les âmes jusqu’au refuge où luit l’amour », «purgatoire », « Dieu »… ), les teintant de la sorte en filigrane de religiosité, de force sacrée et de mysticisme panthéiste. Dieu est partout invisible mais présent,« et Dieu se perd dans le paysage », incorporé à la nature.
Une poétesse traversée par la nature
La poétesse, profondément ancrée dans le monde végétal, traversée par sa puissance et son esthétique (« N’oublie pas que la terre chante / et que son chant passant / par tes pieds te traverse ») dit toute forme de Vie, don fragile et précieux, (« Pense / la vie comme un don ») dans une volonté de protection, « loin de la sauvagerie humaine », « de la fourmilière humaine », afin que l’Amour souligné par un oxymore (« Terriens, à vos carquois / préparez vos flèches / détournez ces oiseaux / de mauvais augure / en les touchant / du venin de l’amour »), la Beauté, la Lumière (« Lumière, redresse-les et que dans l’Arche / brillent toutes les existences telles lampyres ! »), la poésie, triomphent, consolations aux différents maux de l’existence : « Accorde-toi – quand / vient la tristesse – un temps de recréation / tout en guirlandes et éphémères dentelles ». Dans une poésie lyrique tout à la fois charnelle et éthérée, Carmen Pennarun embarque le lecteur dans une Bretagne réelle (« Moho », « Gwin-Zégal ») et onirique où des fleurs personnifiées dialoguent avec les poètes (« Parfois, les marguerites / dans leur écrin de granit / rose ont échangé des mots / à marée basse avec les poètes « ), où des bateaux rêveurs songent à de fantastiques ailleurs : « A mer haute, les bateaux / rêvent de traversées fantastiques ». Carmen Pennarun voit et entend les messages de la nature, son appel irrépressible dans une perception onirique du réel. Même si la mort coule inéluctablement dans la vie (« La vie aligne ses tombes au-dessus des toits / La mort sans discipline penche vers l’enclos / des vivants – deux mondes pour un seul »), la poétesse en harmonie avec cette nature éternelle reste enracinée dans le vivant, baignée dans la confiance et l’espérance. Son regard et son imaginaire colorent de Beauté le réel lui accordant mystère et profondeur.
Accéder à l’essence
Avec une intense acuité de tous les sens, une écriture tout à la fois légère et charnelle, Carmen Pennarun pénètre les secrets de la nature. Enchantant l’imagination, la poétesse joue avec le lexique, recherchant le mot rare, précieux et pittoresque qui sculpte la réalité, avec l’espace textuel (« Peut-être reste-t-il un mirage / -une statue de sel – / en haut / de la dune / au bout / de sa langue de sable’ »), matérialisant les vides par une percée à l’intérieur du texte (« nous rétablissons la lumière dans la demeure / que le vide gagnait »). Elle jongle avec des vers aux vastes enjambées, libérés des rimes et parfois même de la ponctuation, des versets, concrétisation du souffle cosmique. Et parfois elle lance des clins d’œil teintés d’humour en renouvelant et en métamorphosant des clichés : « Laissons battre le non faire », « croix d’eau, croix de feu », « cueillir son trèfle à quatre vents », « libérant foudre d’escampette »…). La symphonie de ses poèmes au rythme fluide et souple concrétise sa sensibilité, la richesse et la beauté de ses paysages intérieurs, nous permettant de déceler ce que le voile de l’habitude nous empêche de voir et d’atteindre l’essence du réel.
Carmen Pennarun projette le lecteur dans une espèce d’extra temporalité avec des poèmes d’une grande densité au fort pouvoir incantatoire.
Annie Forest-Abou Mansour
Voix de feu
Si l’on en croit ses biographes Carmen Pennarun possède un secret, celui de la composition d’onguents et de tisanes, qui courbent les angoisses, les peines, les joies, par pointes de douceur. Mais elle ne s’arrête pas en si bon chemin et cherche l’harmonie dans la nature qui souvent — du moins encore pour le moment — transforme la vie en rose. Et pour preuve la poétesse d’ajouter : “toute l’agitation du monde ne changera rien à ce qui demeure”.
En conséquence, elle espère — et le prouve — que l’écriture dans son pouvoir d’incantation ouvre la porte au secret de la paix intérieure et laisse sortir sa voix trop souvent refoulée. Ecrire doit donc rester un enchantement que la présence de la nature accompagne.
Y apparaissent alors les hamadryades — nymphes attachées aux arbres qu’elles habitent. Elles soutiennent les promeneuses et promeneurs égarés dans leurs pensées. Il s’agit de les réveiller aux perceptions des merveilles qui les entourent.
D’où leur cri “Évohé ! Évohé !” pour appeler à leur aide poètes et poétesses. Dès lors se reprend le pacte avec la poésie même si elle semble se retirer d’une époque qui la refuse, l’ignore, la raye Elle reste le lien avec la liberté et devient appel à nos résistances dans ses geysers d’émotions.
En évoquant une force de vie première, la poétesse invite à l’abandon de la souffrance et à la réaffirmation de la confiance. Existe un apprentissage de la sagesse face aux “constructions de paille” offertes au jeu destructeur des indifférents que nous sommes.
C’est là un rapt, une féerie.
Jean-Paul Gavard-Perret
http://www.lelitteraire.com/?p=93199
Une poésie à la fois profonde et fraîche, des mots « bulles-vert chlorophylle », des « arpèges sensitifs » qui font entrer le lecteur en résonance avec la nature, voici l’univers dans lequel on pénètre en lisant Évohé ! Évohé !, de Carmen Pennarun. Très proche du monde végétal, de la forêt et de « ses gardiens » qui « élèvent de jeunes pousses loin de la sauvagerie humaine », l’auteure se sent portée par une forme de « solidarité sylvestre ». Ainsi considère-t-elle les arbres comme des « témoins silencieux qui filtrent le défilé de la vie », et auxquels elle accorde « la confiance qu’on ne doit qu’aux grands maîtres ».
Et c’est sur les sentiers de la sagesse que la poète avance, partageant généreusement ses mots vecteurs de sérénité, d’acceptation : « Regarde tomber les fruits que tu n’as pas choisis, accepte tout sans rien trier ».
Elle sait que la patience est indispensable à celui ou celle qui est en quête d’apaisement : « Hier – une paix s’annonçait que demain attend toujours ». Elle esquisse une temporalité nouvelle qui va « à contre-courant de l’agitation du monde » : « Laissons battre le non faire au rythme de rocaille de l’écho ».
Chez Carmen Pennarun, le silence est catalyseur d’inspiration poétique, en cela qu’il invite au recueillement en refoulant l’esprit « dans une grotte que même la salamandre dédaigne », ressuscitant les « pensées naufragées ». Il y a là une très belle allégorie poétique maritime qui se déroule lorsque l’auteure déploie la « grand’voile / sa toile de chair, sa vie », « faisant la planche », « arrimant » ses « mots et quelques peines », en attendant de trouver « un mirage – une statue de sel – en haut de la dune / au bout de sa langue de sable / où l’ange se serait endormi ».
La nature la protège dans ce périple, elle est sa confidente, son refuge, mais la descente est néanmoins « cruelle jusqu’à la mer et ses merveilles ». Celui ou celle qui rêve de découvrir « l’anse émeraude où dansent les fleurs-bateaux » devra le mériter.
Ce recueil est un joyau qui célèbre la valeur de l’Être et appelle à son épanouissement, à « l’éveil de toutes ses fibres », à la reconstruction psychique après des épreuves douloureuses : « Un poème s’est écrit sur les ruines de Noël ». Et pour guérir les âmes blessées, Carmen Pennarun fait appel au conte, à l’onirisme – « une fillette jaillit de la page » –, elle déploie, dans une étonnante respiration, ses « poèmes-marguerites dont la vie ne tient qu’à quelques troncs », offrant au lecteur une délicieuse sensation de bien-être, et inscrivant dans la mémoire du temps, ces « heures lentes où la beauté s’accomplit ».
Et c’est bien volontiers que nous partirons avec elle, demain encore, comme sa poésie nous y invite, « à la neige montante », « au hasard des métaphores », pour lancer « à la face des dieux » des « boules de rêves ».
Carmen Pennarun vit en Bretagne et elle est membre de l’Association des Ecrivains de Bretagne. Elle a publié plusieurs recueils de poésie, dont : Nuit celte, land mer (éditions Stellamaris) ; Dans l’arc d’un regard de caryatide (éditions L’Amuse-loutre). Elle a également publié un recueil de nouvelles, et des textes dans de nombreuses revues de poésie.
Parme Ceriset