Du Fol Amour à la Grâce

Camille Seinobec

Ce premier recueil de Camille Seinobec se déploie en deux parties distinctes, chacune marquant une étape de son cheminement littéraire. Dans la première partie, Aimer la vie, on retrouve l’Amour, la Fantaisie et l’Humour, des thèmes déjà présents dans « Éros en rit encore ! » de Régine Nobécourt-Seidel. La vulnérabilité humaine, avec ses regards et ses paradoxes, est évoquée et moquée avec sensibilité dans des textes accessibles à tous. Chaque lectrice ou lecteur peut s’y reconnaître. Beaucoup de ces poèmes sont de véritables chansons, d’ailleurs déjà fredonnées.
La seconde partie, Et puis la Grâce, se présente comme un aboutissement. Elle offre des textes en prose poétique d’une portée philosophique plus prononcée, invitant à une redécouverte de soi. Les préoccupations contemporaines y sont palpables, comme dans le poème La Sueur des hommes, où « la Terre se meurt et s’épuise ». Le rôle crucial de la mémoire est également exploré, cette mémoire sans laquelle nous serions si peu : « Notre mémoire est une véritable écritoire ». Cependant, c’est avec l’Avenir en point de mire que l’Imaginaire nous emporte, rappelant que chacun de nous est plus qu’une simple poussière d’étoile, mais bien l’Étoile-même.
À travers l’un de ses avatars, Camille Seinobec, Régine Nobécourt-Seidel démontre que personne ne peut dire « je suis UN ». Chaque écrivain abrite en lui plusieurs entités qui se manifestent selon les circonstances. Pour elle, il est indéniable que l’auteur est toujours un personnage en soi, unique pour chaque œuvre. On peut parler du métier d’écrivain, où l’auteur, en créant une œuvre, devient le premier personnage – distinct, extérieur, mais toujours différent de l’être de chair et d’os dont il émane. Celle qui a écrit La petite Bleue n’est absolument pas la même que celle qui compose ce recueil de 2024. Tout est toujours fiction. Une poussière d’étoile écrit sous l’impulsion d’une inspiration qui la touche et l’anime. Ainsi, telle une étincelle, une œuvre naît.

Format 145 x 205 mm, 96 pages / 12 images en N&B

Accord des on

Jean-Paul Gavard-Perret

Voici des instantanés matinaux venus à peine de la tête d’un esprit qui ne sait rien de l’heure. Mis au jour, ils viennent pendant le sommeil. Ils s’adressent au visible ou à son contraire. Leurs incongruences
sémantiques – sans chercher à quelque chose de linéaire – prolifèrent pour le plaisir. Elles appellent la protection du songe dans un regard de l’aube tout comme dès un crépuscule appesanti.


Auteur prodigieux s’exprimant avec la fluidité d’une respiration, Jean-Paul Gavard-Perret dévoile, avec « Accord des on » son huitième ouvrage, depuis deux ans de collaboration, sous les auspices des éditions Constellations. Son style atypique, dépourvu d’équivalent, déconcertant – pour ne pas dire sidérant dans sa plus pure expression littéraire – éveille l’imaginaire du lecteur et lui offre une porte entrebâillée, l’incitant à apporter sa propre contribution et interprétation selon l’humeur et la fantaisie de chacun.

Format 135 x 205 mm, 72 pages N&B

Sainte Rita ou le pari

Chronique sur le recueil « Quand la vie… »

Comme le pré­cise si jus­te­ment J-F Bla­vin pré­fa­cier de cet ensemble de poèmes, « Char­lotte Rita essaye de tenir une balance de jus­tesse entre les anges et les démons qui flottent autour d’elle ». Son monde est peu­plé de l’univers du merveilleux et du magique comme autant de la dou­leur et de la dif­fi­culté d’être des abysses du quo­ti­dien selon une variété de for­mats et scan­sions poétiques.

Côtoyant la volonté et le décou­ra­ge­ment, néan­moins l’amour per­dure. La pos­tu­la­tion bau­de­lai­rienne de Dieu et de Satan reste éga­le­ment. Ici, le temps fuit et s’oublie. Le corps de la poé­tesse flotte par­fois en divers cou­rants et laby­rinthes. Aspi­ra­tions et sup­pliques se succèdent pour que l’amour et sa musique des âmes tiennent.

Des images assom­brissent, d’autre éclairent en épou­sant ce qui est. Par­fois, il s’agit de cher­cher des raisons men­songères, des excuses pour sau­ver ce qui peut l’être. Mais des fantômes de la jeunesse comme du ciné­ma­to­graphe ne se font pas for­cé­ment la belle.

À l’inverse, la poé­tesse l’est : elle cultive les com­plots de ses rêves pour anéan­tir ce qui est. Pas ques­tion pour autant de pei­gner l’âme en ange. Au sein de rap­ports de domi­na­tions ou de fan­tas­ma­go­ries, prise, éprises entre l’absurdité, le désordre, etc., l’auteure tient. Sa volonté la trans­porte tout en pré­ser­vant sa luci­dité face aux illu­sions sans pour autant se conten­ter de pan­se­ments fac­tices même si par­fois un « cré­pus­cule liber­tin » allume un chant d’amour. Voire… car les sor­ti­lèges de l’amant « devenu jon­gleur » cachent le « Lan­ceur de pierres et de frondes ».

Fidèle à son carré d’as, Char­lotte Rita peut jouer au Casino du des­tin à la table de l’espoir. Mais méprises, larmes, cré­du­li­tés donnent de mau­vaises cartes. Tou­te­fois se dissipent l’audace, la raison folle, l’abandon du dépit, face aux épreuves et acci­dents. Preuve qu’une telle auteure marche et avance. Déchi­rant les vieilles images, que vogue encore son navire. Et le der­nier poème de ce livre ouvre un sublime Pari : le jeu est moins hasar­deux que pascalien.

Jean-Paul Gavard-Perret

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Quand la vie…

Charlotte-Rita

Charlotte-Rita essaye de tenir une balance de justesse entre les anges et les démons qui flottent autour d’elle. À cet égard, les deux directions de recherche nous sont indiquées avec clarté dans les formes verbales des titres des deux grandes parties : il y a la vie « qui s’évapore » et la vie « qui apparaît ». Délicate distinction à établir, recherche périlleuse des nuances.
Les collages originaux de Nicole Durand suggèrent une interprétation métaphorique de l’œuvre poétique, un kaléidoscope inspiré des ambiances créées par l’écriture, évoluant également dans toutes les teintes du sombre jusqu’à l’enjoué.
Tout au long du recueil, on décèle la nostalgie de l’Éden avant les fautes originelles imaginées par les mythologies. Mais tout cela nous est offert dans une écriture agréable, même divertissante, par la plume alerte de l’auteure qui nous plonge dans l’univers du merveilleux, dans celui des contes où l’on croise, par exemple, Charles Perrault, l’ogre, le Petit Poucet, le Bossu. Alors, « les fleurs » ne sont plus « du mal»… C’est bien pour cela qu’il est utile et important de lire « Quand la vie… » de Charlotte-Rita. A chacune et chacun, une fois le livre refermé, d’entrer dans sa méditation personnelle.

Jean-François Blavin, Sociétaire de la Société des Gens de Lettres

Comédienne, metteur en scène et professeur de théâtre, Charlotte-Rita a écrit un scénario de long métrage et une soixantaine de pièces de théâtre dont deux ont été éditées. Après trois livres de nouvelles : Histoires tirées par les cheveux, Histoires aussi étranges qu’extraordinaires et De rêves et d’espoir, deux romans : Dix phrases pour une vie et Corbeaux et coquelicots, et quatre recueils de poèmes : Sans fin, la ronde, La vérité au cœur de l’Homme (prix Léon Dierx de la Société des Poètes Français, 2024), Fragments d’instants, Si les dieux se souvenaient, voici Quand la vie

Format 145 x 205 mm, 100 pages / 4 en couleurs