Si la politique nous divise, nous, chez Constellations, vous proposons de nous rassembler autour d’un bon livre, d’une agréable lecture ou d’un événement littéraire/culturel. Car l’art, lui, est censé nous mettre d’accord sur ce qui est beau et bon dans l’Homme, nous apporter quelques moments de sérénité, et nous purifier l’âme de toute trace d’amertume.
Avec notre newsletter n° 7, nous vous souhaitons de bonnes vacances et un bel été en bonne compagnie.
Chez une telle poétesse, la passion ne veut parfois pas un rouble. Mais la victoire des femmes est d’ici ou d’ailleurs même si parfois elles courbent l’échine. Existent donc au-delà de la roupie des cents sonnets des grâces roturières ou non. Sous les tamaris une femme – mais elle n’est pas unique – se languit. Et qu’importent les menteurs. D’une semaine à l’autre c’est toi et c’est moi et la vie va en émois. C’est l’acmé du jour. Et de la nuit itou. Il faut donc toujours, comme le rappelle l’auteure, « Entreprendre l’impossible / Atteindre les sommets ». Oser est bon : même se réfugier dans l’ombre. Cela surprend et amuse en vespérales épousailles – ou ce qui en tient lieu. Car c’est intense, violent, dense, déroutant. Oui à la chair et ses sens. Les rêves alors roses et bleus redeviennent un petit soir chaud comme le secret creux de paille sous la charpente de la grange de mon enfance. Encore et encore le songe reste grand et ardent, le tout avec ferveur qui ourle de dentelles les plus intimes émotions. Parfait en l’espérance !
Retour de lecture du recueil « Du Fol Amour à la Grâce »
Dolente de l’ombre, l’amoureuse se veut ici belle captive rêveuse. Enfin, presque. Ces déclarations intemporelles ou non distribuent à la passion du corps et du cœur une grâce certaine, le jour et la nuit, des sources à la mer. Son désir fou fut parfois à l’envers Hôtel de Roissy, à Venise ou à Mellieha Bay — histoire de renaître aux essences première jusqu’à devenir femme ailée et en apesanteur. Pour une telle femme, l’écriture est mémoire, mais c’est un lâcher-prise aussi pour que remontent certains ivresses, parfois sobres — mais ce ne sont pas les seules. Avec la sueur des amants, la clé du bonheur s’ouvre parfois. Et de gré plus que de force.
Dès lors, pour L’Effacée la vie est une fête. Et dans ce but peut suffire le songe d’un jour d’été ou un moment de sieste vespérale en un duel sentimental qui efface toute mélancolie au parfum de vanille ou de grenadine. Tout se joue parfois à la limite du visible ou du fantasme et c’est un parfait délice. Certes, existe parfois la vanité aveugle, si bien que « chacun trompe l’autre Murmurant patenôtre » en une histoire somme toute banale de notre temps. Mais il existe de bels et bons festins de l’amour partagés sans savoir qui ensorcelle ou mange l’autre. Mais la partie est gagnée. Et surtout, elle reste à recommencer. En avance donc, pour ne jamais cesser : les âges importent si peu.
Dans ce roman puissant, d’une actualité brûlante, situé dans le contexte de la guerre israélo-palestinienne, nous suivons Gabriel Ruevos, un grand reporter profondément marqué par les horreurs de tous les conflits qu’il a traversés, alors qu’il sort d’une clinique psychiatrique. Sa compagne, artiste peintre palestinienne, tente de l’aider à travers ses tableaux. Cependant, ses toiles ne font pas seulement débat, elles suscitent même le scandale dans les milieux concernés : en parodiant notamment le Guernica de Picasso, elle célèbre le destin malheureux de son peuple et son espoir de paix. Elle ose représenter, au centre de l’œuvre, Gabriel, son époux. Ce dernier incarne-t-il déjà la victime émissaire, selon la philosophie de René Girard ? L’amour le mènera-t-il jusqu’au sacrifice pour devenir l’incarnation de sa propre image dans le tableau ? Les rebondissements et les tensions maintiennent jusqu’au bout un suspense captivant. Yannick Girouard ne lésine pas sur son talent de conteur. Il tisse une histoire palpitante aux personnages plausibles et dialogues convaincants, ce qui séduit davantage le lecteur plongé dans l’univers décrit avec l’habileté des grands auteurs.
Comme une ombre attentive […] Tu es toujours l’enfant Qui cria de joie pour son premier pas, Fit d’un escalier un château Et caressa une fleur. Si le temps a si vite passé, C’est pour mieux réunir Cet enfant et ton cœur voûté Pour que la vie, Comme une ombre attentive, Ait tourné, sans rien effacer.