À travers la rosée et les nuages – 3

Comment exprimer l’essentiel en peu de mots ? Dès les premières pages de ce recueil de Nicolae Petrescu-Redi, nous entrons dans l’art ciselé des aphorismes qui atteint la cime de la plus haute concision. En une ou deux phrases à peine, surgit une idée ou une image, serties dans le langage aussi sûrement qu’un rubis dans le chaton d’une bague.

« L’enfant aime la neige / C’est la crème chantilly sur le gâteau de l’enfance ». Voici une image qui se forme aussitôt sur la rétine du cœur, car chez le poète le cœur voit, le cœur palpite, le cœur chante aussi bien ses émois que ses joies. Le cœur ébahi de l’enfant en soi EST en toutes choses. L’essentiel tire son essence subtile du ciel car « Nous cherchons l’enfance dans la sphère de la musique / et la trouvons dans la musique des sphères ».

Par petites touches de mots, N. Petrescu-Redi peint l’enfance en aphorismes colorés et vient nous prendre par la main pour une ronde cosmique car « Dieu aurait pu créer Adam et Eve enfants, mais comment les aurait-il distingués des anges. ».

Sommes-nous des enfants exilés dans un corps d’adulte ? Avons-nous vraiment oublié « Les années de l’enfance – gardiennes des châteaux de sable » ? Faut-il croire, comme le suggère le poète, que la nostalgie du paradis n’est que la nostalgie de notre enfance perdue ? – Alors l’Éden serait un jardin d’enfant !

Hélas, il y a les ombres à l’affût de l’innocence quand « Les premières bombes de la guerre, mon petit, / tombent sur l’usine à jouets ».

Le lecteur français est appelé à découvrir les textes de ce poète roumain, traduit par Amalia Achard (on oublie trop souvent le travail gémellaire d’un bon traducteur afin qu’un livre franchisse les frontières).

N’oublions jamais que lorsque « L’enfant peint les icônes – l’ange découvre le miroir ». Ainsi, « A l’arbre de la connaissance, n’allez pas muni d’un sac de couchage ! » 

Josselyne Chourry (20 août 2023)