Sonnets enchantés – 1

Coulisses et autres lieux

Enfant de la balle à sa façon, Michèle Reich prouve dans cha­cun de ses son­nets un poten­tiel méta­pho­rique com­plexe et puis­sant. Ils sou­lèvent entre autres de nom­breuses ques­tions au sujet de la fémi­nité et de sa repré­sen­ta­tion. La créa­trice met en évi­dence certes le strass mais aussi celles qui se cachent derrière. La base de sa créa­tion est le corps avec ses mor­ceaux de Luci­fer et d’Ange. Aux lec­trices et lec­teurs d’apprécier l’espace de la ren­contre. Et d’entrer en des flux d’existence. D’où la den­sité émo­tion­nelle de l’œuvre qui joue des réfé­rences cultu­relles, popu­laires. La poé­sie devient une acti­vité qui montre ce dont le corps est plein sans en chas­ser l’esprit afin que Michèle Reich ne vive pas sans exis­ter de leur dualité.

Avec de telles son­nets contem­po­rains et savants, le spec­ta­teur ne sait plus for­cé­ment à quelle « sainte », « mère », « jouet », « figu­rine » se vouer. En effet, l’auteure mêle des jux­ta­po­si­tions inso­lites qui mettent au défi cer­taines attentes. S’y mêlent des élé­ments sombres et mena­çants et d’autres plus en clarté et en charme.
L’ensemble com­mu­nique un sens per­tur­bant et jouis­sif. Il a ainsi tou­jours un coup, un cran d’avance. Que deman­der de plus que cet envoû­te­ment de matière et de genre ?

Jean-Paul Gavard-Perret

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