Attentat du tableau – 1

Trois retours de lecture

Roman psychologique, ardent et plein de suspense dans le cadre du conflit israélo-palestinien, toujours d’actualité, hélas ! Les trois religions sont très bien traitées, dans le respect et la réflexion de tous les personnages qui tissent leur toile.

Nous suivons Myriam et Gabriel qui s’aiment et se cherchent dans les affres de l’amour et peut-être de la mort. Dans ce contexte de tragédie, que contient une œuvre d’art, métaphore éternelle et intime de la vie, destruction d’un peuple, objet de sacrifice et jusqu’où ?

Vous le saurez à travers ces pages vivantes et haletantes !

Marie-France Vaillant


Avec « Attentat du tableau » Yannick Girouard signe son cinquième roman. Ecrivain confirmé, il est aussi à l’origine de nombreux ouvrages à caractère poétique. Il est en outre très influencé par les problématiques contemporaines qui touchent au genre humain.

Le personnage central de son dernier écrit est un grand reporter nommé Gabriel Ramos. Ce dernier a déjà une longue carrière derrière lui sur différents points du globe, marqués par des guerres ou des conflits souvent sanglants et surtout insolubles. Il est particulièrement sensible au sort du peuple palestinien dont il convient à la destinée depuis plusieurs années. Sa compagne, Myriam, est d’ailleurs une artiste peintre palestinienne.

Gabriel est un être très perturbé par son vécu. C’est un écorché vif qui vit les injustices et la cruauté humaine dans ses tripes. Il porte la question palestinienne comme un étendard. Ses passions politiques et amoureuses sont marquées au fer rouge, signe de son extrême sensibilité. Contrairement à Myriam, qui parvient à exorciser ses souffrances dans ses tableaux, lui peine à conserver son équilibre psychique, ce dont souffre sa compagne.

Ces problématiques trouvent leur traduction concrète dans la dernière de Myriam intitulée « Par mon esprit ». À travers cette œuvre dans laquelle Gabriel est représenté et qui se veut être un vecteur de paix pour les protagonistes du conflit entre les différentes ethnies et confessions, Myriam souhaite démontrer que l’art a un rôle à jouer dans la transcendance des malheurs humains. À travers ce sujet l’auteur pose une question de fond qui est au cœur de son roman. Le tableau se révèle être un enjeu majeur qui soulève les passions destructrices des extrêmes et où le fait religieux a un rôle central.

Yannick Girouard est un humaniste qui cherche à traverser sa plume pour combattre le pessimisme qui naît naturellement des chocs de civilisations qui percutent l’actualité sans discontinuer. Il fait preuve d’un lyrisme nourri d’une culture très étendue et qu’il peine parfois à contenir. Avec l’évocation des tableaux de Myriam décrit avec beaucoup de précision (Yannick Girouard est aussi peintre), il fait judicieusement appel à notre imaginaire, faute d’illustrations qui auraient encore enrichi l’ouvrage lequel se révèle néanmoins être un apport majeur dans la production de l’auteur.

Didier LEROI


J’ai lu d’une traite « Attentat du tableau ». Roman rude, resserré, concentré vers la tragédie. Il balaie beaucoup de problématiques : amour, engagement politique, désespérance devant l’état du monde et les malheurs des hommes. Gabriel n’a pas d’espérance, mais son sacrifice ne le place-t-il malgré lui de ce côté ? Ne croire en rien mais mourir pour quelque chose…

Au fond, une des guerres tragiques de notre temps où un pogrome du 7 octobre, si vite relativisé, sert de justification, de surcroît à l’antisémitisme…

Mes impressions : texte serré, très psychologique, personnages dans l’urgence. La peinture, les références bibliques, les souffrances du monde à travers les yeux d’un journaliste usé et une Palestinienne chrétienne en exil qui connaît la malheureuse condition de son peuple. Voilà un sacré matériel. Il y a en filigrane l’art, et la souffrance, et le sacrifice. Qui sont les terroristes derrière le drone, à la fin, et qui sont les instruments du destin que Gabriel s’est choisi ? 

Victoria Deodato, auteur