Lynda Chouiten, poésie à fleur de peau

Chronique de Youcef Merahi

La poésie, cette quête de l’ineffable, n’arrête pas de rebondir au moment précis où l’on se dit, elle n’a plus sa place dans l’expression humaine. Elle est décriée, ostracisée, abandonnée, mise au rebut de la lecture, mise au ban du Beau et rendue obsolète par une pensée réduite à la seule consommation, sans projection du verbe. Pourtant, elle tient tête aux vents contraires, s’accroche de toute sa vaillance, dément les avis les plus défavorables et diffère sa finitude à plus tard. Elle est là, têtue et téméraire, à dire sa (dé)raison, pour permettre aux utilisateurs de quêter la quintessence du mot dans l’infini du dire.

Lynda Chouiten m’a offert gentiment sa dernière production ; il s’agit en l’occurrence de poésie. Elle a pris le temps nécessaire à la création poétique, malgré le fait (encore une fois) que ce mode d’expression ne fait pas recette. J’ai été doublement content ; d’abord parce qu’il s’agit justement de poésie, ensuite parce qu’il faut du courage pour tenter l’édition, sachant que cette dernière n’a pas les faveurs du lectorat. Je me suis laissé guider par elle dans les dédales de ses cris, de ses espoirs, de ses rêves, de ses révoltes (c’est souvent le cas), de ses volontés à s’affranchir de toutes sortes d’écueils. J’en suis revenu la tête pleine d’images et de sollicitations à m’arrêter derrière chaque poème. Rien que pour cela, je dis merci à Lynda Chouiten de m’avoir permis de passer le seuil de ses attentes existentielles.

Lynda Chouiten a déjà goûté à la fièvre de l’édition avec coup sur coup deux romans, qui ont pris d’autorité leur place parmi les lecteurs ; Le roman des pôvres cheveux, éd. El Kalima et La valse , éd. Casbah, ont montré une auteure maîtrisant le style romanesque, montrant des capacités à construire un scénario (un roman) et proposant une thématique nouvelle. Après son recueil de nouvelles, éd. Casbah, Des rêves à leur portée, Chouiten – une touche-à-tout — montre son penchant pour la poésie, se révèle être en mesure de soutenir le rythme et le souffle du poème avec talent, et propose également d’esquisser une ouverture timide dans son monde intérieur ; car elle a encore beaucoup de choses à (nous) dire. J’ai connu les déserts et autres poèmes, éd. Constellations, 2023, est un recueil de poésie écrite avec beaucoup de douceur et de spontanéité, sans aller jusqu’à l’agitation inutile qui étreint parfois le poète ; s’agissant d’une écriture féminine, il est loisible que Chouiten pouvait être tentée de régler des comptes avec une société, qui n’arrive pas encore à être impartiale ; comme elle s’estime en phase avec elle-même, c’est-à-dire un partenaire pouvant (se) prendre en charge ses émotions d’abord, ensuite, ses rêves et autres ambitions. Laissons dire Lynda Chouiten : «Alors je me hâte de cacher la clé / Là où je ne peux pas la retrouver / Tout en me convainquant que ma tour est bien faite d’ivoire/Que ses murs ne sont pas fissurés / Qu’elle ne sent pas le moisi / Que ses chauves-souris ne m’effraient pas / Et que je me plais dans sa majesté désuète.» (p.43)

Ce que j’ai remarqué en premier chez Lynda Chouiten, c’est d’abord cette assurance mesurée de maîtriser son sujet poétique, de croire en son destin de celle qui a le don de proposer tout un monde à découvrir, et, surtout, de ne jamais douter de cette force intérieure, qui permet au poète de (dé)montrer à tous qu’elle est encore utile, présente et affirmant ses propos. Il y a une certaine aisance à monter, fignoler, peser le poème et l’offrir, d’abord, au silence de la page brouillon, ensuite, au regard de soi, puis de celui d’autrui. Je ne sais pas comment expliquer cela, mais, j’ai ressenti une assurance tranquille, lors de ma lecture de cette somme de poésie, affichée par le poète le long de son écriture. Le poème coule de source. À croire qu’il n’y a aucune anicroche qui vient perturber le poème. Je crois que c’est là la force de Lynda Chouiten, cette aisance à maîtriser le verbe, sans tourment quelconque, tout le temps qu’elle se trouve face à la page blanche. N’y a-t-il pas ce vertige qui touche les poètes, chez elle ? Justement, non ; elle maîtrise de bout en bout son sujet. Le seul code dont elle use, dans J’ai connu les déserts et autres poèmes, reste précisément cette facilité dans le vocabulaire, la conception du texte et sa clarté. Laissons dire Lynda Chouiten : «Un jour j’irai en Islande / Et loin de toi, mon pays / J’oublierai la chaleur / De ton soleil et de tes gens / Et me demanderai si c’est son intensité / Qui fait tout pourrir, même les cœurs les plus purs / Et tout fondre, même le fer de notre détermination / Puis l’accueil froid des glaciers / Me fera sourire, et j’y penserai plus / Je marcherai, grelottante et éblouie / Dans ses déserts silencieux / Si différent du nôtre / Je courrai vers les volcans, trop longtemps contenue / À la leur / Et quand naîtront les geysers / J’y reconnaîtrai mes frères / Et je les imiterai / Alors dans la lourdeur blanche de l’hiver / Je me sentirai moins seule / Et plus légère encore.» (p. 77)

Le désert dans la poésie de Lynda Chouiten n’est pas matériel, ni intellectuel ; il se situe plutôt dans une sensation désagréable de se sentir «désertique» de l’intérieur ; est-il ressenti d’une certaine solitude surpeuplée ? Ou est-ce une certaine faim assumée d’aller vers l’Autre, sans recevoir en contrepartie la reconnaissance attendue ? À moins que l’auteure, ici, veut tout simplement bâtir un rempart poétique entre elle (l’intime) et l’extérieur («l’extime»). Il y a naturellement cette propension à tenter le poème pour exorciser cette «chose» que Lynda Chouiten ne nomme pas, comme «ces cailloux» (Eluard) qui pèsent sur le ventre. Il est vrai qu’elle n’est qu’à ses débuts. Je reste tout de même sûr, l’auteure saura plus tard proposer une palette de voies, à même de tenter une esquisse de lecture de sa poésie. Il y a, c’est vrai, un peu le mal de vivre dans ses poèmes ; mais, il y a également cette attitude résolue d’affronter toute adversité. Je comprends son assurance, quand bien même elle intitule son recueil, J’ai connu les déserts, et autres poèmes. Une fois le désert défini, selon l’orientation voulue par Lynda Chouiten, je crois qu’il serait possible, dès lors, d’aller à la rencontre de sa poésie sereinement. Et c’est ainsi qu’on pourra saisir quelques fêlures, des cris sans violence, une protestation avenante et une main tendue, large comme son espoir.
La fluidité dans les poèmes de Lynda Chouiten rend la lecture de ce recueil très agréable. Je crois pouvoir dire que c’est là une force principale dans l’écriture de cette auteure, avec bien sûr, sa maîtrise de la langue et sa manière de poser la thématique choisie. Après deux romans et un recueil de nouvelles, fortement appréciés, Chouiten propose une autre facette de son art, la poésie. C’est ce qui fait sa force et ce qui peut lui faciliter, plus tard, la proposition d’une œuvre ; celle-ci, à l’image des prédécesseurs, pourra (doit) être une voie singulière dans la littérature algérienne. Je laisse Lynda Chouiten clore cet espace de parole : «De quelle douleur me parlez-vous ? / De celle de devenir étrangère / Sur cette terre qui m’a vu naître / Après avoir vu naître mes parents / Et leurs parents ? / De celle de rêver en regardant/ Les oiseaux et les bateaux / En repensant à Joyce / Qui a quitté l’Irlande / Sans qu’elle ne le quitte jamais / Et au mythe d’Icare / Qui a fui le Minotaure / Et son triste labyrinthe / Et dont le rêve fou/D’étreindre le soleil / L’a fait, à tout jamais / Prisonnier des vagues.»(p.83)

Youcef Merahi

https://www.lesoirdalgerie.com/tendances/lynda-chouiten-poesie-a-fleur-de-peau-77635?fbclid=IwAR0HL527ICr4syIF9DYcFPb7QZTKLOjFMZ5aXuGUP1466XLm2FBVZfFPaw8

À travers la rosée et les nuages – chronique

Comment exprimer l’essentiel en peu de mots ? Dès les premières pages de ce recueil de Nicolae Petrescu-Redi, nous entrons dans l’art ciselé des aphorismes qui atteint la cime de la plus haute concision. En une ou deux phrases à peine, surgit une idée ou une image, serties dans le langage aussi sûrement qu’un rubis dans le chaton d’une bague.

« L’enfant aime la neige / C’est la crème chantilly sur le gâteau de l’enfance ». Voici une image qui se forme aussitôt sur la rétine du cœur, car chez le poète le cœur voit, le cœur palpite, le cœur chante aussi bien ses émois que ses joies. Le cœur ébahi de l’enfant en soi EST en toutes choses. L’essentiel tire son essence subtile du ciel car « Nous cherchons l’enfance dans la sphère de la musique / et la trouvons dans la musique des sphères ».

Par petites touches de mots, N. Petrescu-Redi peint l’enfance en aphorismes colorés et vient nous prendre par la main pour une ronde cosmique car « Dieu aurait pu créer Adam et Eve enfants, mais comment les aurait-il distingués des anges. ».

Sommes-nous des enfants exilés dans un corps d’adulte ? Avons-nous vraiment oublié « Les années de l’enfance – gardiennes des châteaux de sable » ? Faut-il croire, comme le suggère le poète, que la nostalgie du paradis n’est que la nostalgie de notre enfance perdue ? – Alors l’Éden serait un jardin d’enfant !

Hélas, il y a les ombres à l’affût de l’innocence quand « Les premières bombes de la guerre, mon petit, / tombent sur l’usine à jouets ».

Le lecteur français est appelé à découvrir les textes de ce poète roumain, traduit par Amalia Achard (on oublie trop souvent le travail gémellaire d’un bon traducteur afin qu’un livre franchisse les frontières).

N’oublions jamais que lorsque « L’enfant peint les icônes – l’ange découvre le miroir ». Ainsi, « A l’arbre de la connaissance, n’allez pas muni d’un sac de couchage ! » 

Josselyne Chourry – 20 août 2023

Baruch Elron – la magie du pinceau. Chronique

Entrer dans l’espace pictural de Baruch Elron (1934-2006), c’est apprendre à laisser cohabiter ancien et présent, à revisiter des histoires bibliques transposées dans notre temps. Mais, si Elron est inspiré par ses origines juives, ses peintures sont à la fois nostalgiques et universelles, naviguant dans les filets du temps comme d’éphémères papillons qui renaissent à chaque instant dans l’envol de son pinceau. Elron est un magicien, qui joue avec les couleurs, compose des premiers plans délimitant l’espace de la toile pour attirer notre regard, mais derrière, il inscrit un autre horizon à découvrir, tel un jeu de piste pour nous inviter dans son intimité. Il y dépose aussi des objets hétéroclites en apparence, des balles de fusil abandonnées près d’un vase bleu, des insectes, des bulles transparentes, comme des rébus à décoder. Elron capte notre attention puis suggère, semble nous lancer un défi.

Comment qualifier son style ? Imaginaire et réaliste à la fois, fantastique, un brin subversif, surréaliste, intimiste parfois, ludique aussi ? – Comme écrit son biographe Adrian Grauenfels : « Avec son originalité et son esprit artistique imaginatif, Elron influença fortement l’art israélien et étranger. Le style réaliste-fantastique tient compte de l’environnement, de la condition humaine et du comportement complexe de ses semblables. Il cherche à déchiffrer le cœur et l’âme du sujet. Son esthétique atteint ce moment magique où l’artiste trouve l’équilibre parfait entre abstrait et réel, enfance et vieillesse, lumière et ombre, rêve et réalité. »

Elron osa et fit, intégrant des personnages bibliques à notre époque, n’hésitant pas à revêtir le prophète Jonas avec une combinaison de plongée, entouré de nos déchets. Elron évoque nos paradoxes humains, il observe et met en scène nos outrecuidances. Sa Tour de Babel a huit jambes et son diptyque de Sodome et Gomorrhe présente d’un côté une scène débridée et carnavalesque, de l’autre un sol mosaïque à damiers noir et blanc qui semble prolonger un rocher, puis une chaise en chair aux formes féminines avec, au sol, des bulles d’espoir. Il y a de l’inachevé et une possible espérance dans son œuvre. Rien n’est totalement triste et désespéré.

Avec Adam et Eve, il n’hésite pas à bouleverser les symboles en remplaçant les feuilles de figuier qui cachaient leur nudité par des billets, des dollars en l’occurrence, dont l’allusion au libéralisme économique et à notre société de consommation effrénée est évidente. Mine de rien, Elron dénonce, et si certains trouvent ses représentations quelque peu iconoclastes, qu’importe ! Car son œuvre entière est impressionnante, par sa composition, par un style Renaissance revisité parfois, un clin d’œil à la Vinci, un brin de Dali, avec des toiles narratives où affleurent des symboles éternels. Baruch Elron est unique et c’est en cela que l’on reconnaît un grand peintre, un maître pour la postérité qui s’inscrit dans la Grande Toile de l’humanité.

Voici un livre-album, un livre-musée à lire et à regarder dont je conseille amplement la découverte. À savourer sans retenue, sans oublier les bribes de poèmes qui l’accompagnent !

Merci à Adrian Grauenfels pour cette compilation d’œuvres d’Elron ainsi qu’à l’animatrice des éditions Constellations pour cette excellente publication.

Josselyne Chourry – 19/08/2023

Laillé. Avec ses poèmes, Carmen Pennarun célèbre la nature

Ouest France. Entretien avec Carmen Pennarun, poétesse, habitante de Laillé (Ille-et-Vilaine).

https://www.ouest-france.fr/bretagne/laille-35890/avec-ses-mots-carmen-pennarun-celebre-la-nature-d993ba12-38de-11ee-a61a-3655b4d683b3?fbclid=IwAR2UH4T3rsUHdGmpIzIePtUqjzE_Nz3DNFpSUgQJ0–IRjqJo_Yrjclgbng

D’où vous vient cette passion pour la poésie ?

J’écris depuis l’enfance, même si les études et la vie professionnelle et familiale m’ont éloignée de l’écriture, en dehors des correspondances. Cet amour de jeunesse est revenu vers moi en fin de carrière. J’étais professeure des écoles. J’ai aussi une passion dévorante pour la lecture, qui réussit à s’épanouir maintenant. Le stylo et le clavier ont ainsi remplacé les pinceaux et les pastels, les instruments d’anciennes activités. La terre, autrefois utilisée lors de mes ateliers de poterie, je ne la rencontre plus que lors de mes balades, et je la transforme alors en mots.

De quoi parle votre dernier recueil, intitulé Évohé ! Évohé ?

Il parle de la nature qui nous entoure, dans laquelle nous respirons, vivons et partageons avec les autres créatures terrestres. J’ai commencé l’écriture de ce recueil en me rendant à la chapelle du Désert où je me suis inspirée de la tonalité du lieu. Celle-ci m’a accompagnée jusque dans mes rêves et lors de mes escapades sur la côte. Dans ce livre, l’écoute prend tout son sens, d’où le choix du titre qui résonne comme un appel et comme une expression de joie. L’illustration de la couverture est une œuvre de mon fils, Killian Pennarun.

Quel est votre prochain projet ?

Il s’agit d’un recueil de poèmes qui s’attache à nos racines celtiques. Tumulus sera également un chant, celui de la terre cette fois-ci. Il aura donc une autre vibration. Mon contrat est signé avec la maison d’édition belge Bleu d’encre. J’ai aussi d’autres projets qui sommeillent en attendant que je leur prête des heures d’écriture, qui se comptent en mois.

Écrivez-vous autre chose que des poèmes ?

J’écris des histoires jeunesse et des nouvelles. Une de ces dernières a été publiée dans la revue À l’index. J’ai tenté de faire revivre la grande poétesse américaine Emily Dickinson. Cette nouvelle a été primée par la Société des poètes et artistes de France. Bien que trop longue pour le concours, elle a obtenu le prix spécial du jury.

Que ressentez-vous lorsque vous écrivez ?

L’écriture nous demande de passer de notre monde intérieur, solitaire et stable, au monde extérieur où le regard des autres, même bienveillant, peut être vécu comme une épreuve. J’aime donner à lire mes écrits mais les représenter est une autre affaire où ma réserve est mise à l’épreuve.

Région humaine suivi de Zébulon Comète et sa maîtresse – chronique

« Existe donc une zone dans la tête qui ne peut être atteinte que par l’oubli, sans savoir lequel mais qui dénonce l’en-soi. C’est la région humaine. Rien pour l’arpenter sinon ce qui reste ici. »

Le territoire de l’oubli. L’inconscient. La mémoire. Les fouilles. Le corps. Tel est le lexique qui me vient à l’esprit après lecture de ce recueil.

L’exploration de la parole ne peut être en lien qu’avec le corps puisque l’origine de notre vie a précédé notre parole.

Le travail d’ archéologie qu’est l’œuvre d’écriture ne peut donc passer que par le terrain de la chair, c’est pourquoi l’auteur bouscule les mots afin de saisir toute la complexité de la vie – celle qui intègre aussi sa finalité, la mort.

Le langage, s’il veut révéler l’être dans son authenticité doit être brisé, se perdre… avant de tomber dans l’oubli, de retourner au silence (étouffé par l’inexorable « en » taire)

Par l’exercice d’écriture le narrateur souhaite atteindre les rivages de l’origine de la vie, c’est sans doute pour cela qu’il essaie de réduire l’espace entre les mots en rapprochant les corps.

Par cette exploration du vide, parviendra-t-il à atteindre l’unité ?

Par le rapprochement des corps peut-on espérer ressentir le grain de peau de la lumière ?

Pourquoi ce rapprochement est-il si récurrent ? «C’est comme si nous avions perdu quelque chose au large », nous dit l’auteur.

Nous sommes les héritiers d’une histoire qui remonte à notre séjour au Jardin d’Eden, où l’acte créateur (de vie) était interdit à l’homme, seulement permis à Dieu.

Peut-on reconquérir ce droit, par la création d’une écriture singulière qui exige de remettre son ouvrage chaque jour sur le métier afin de mener toujours plus finement l’ exploration du verbe… une exploration qui pourrait nous mener à l’extase !

Sade, en son temps, n’aurait jamais admis que sa pensée ait pu le trahir. La pensée de ses pairs n’était pas assez évolue pour le comprendre, lui.

Chercher le lieu de la parole enfouie en soi pour l’être écrivant, ne peut se faire que par le liant (la métaphore) de l’expérience d’amour, ainsi la parole a une chance de revenir « aux bords de mères », à moins que, tout comme le retour au jardin d’Eden, l’espoir d’une écriture novatrice ne soit vouée qu’à l’échec.

Le rêve est permis de voir le « mot dit dépasser du lit du fleuve amour ».

Ce recueil offre une écriture imagée, déroutante par moments, réjouissante là où on ne l’attend pas, heureuse au final. L’écriture est une sacrée aventure dont le résultat échappe à notre imagination car il nous est juste donné de la travailler au corps.

Carmen Pennarun