Il y a des poèmes dans lesquels on entre à pas feutrés, de peur de troubler leur intimité. Il y a des écrits à huis clos qui brassent des angoisses en voilant leurs larmes par pudeur et des rêves que le temps a suspendu loin des regards dans « Une seule grande chambre / Peinte en noir et blanc / Avec beaucoup de miroirs » (p. 33) qui nous mènent sur l’échiquier de l’existence où l’autre nous ressemble au plus profond de nous-mêmes.
Soudain, au détour d’un poème, on décèle un rayon de soleil à demi-teinte, à demi-mot, et voici une porte à cœur ouvert « A l’abri du monde… », là où Linda Chouiten jardine, plante et sème ses émotions «sans jamais savoir si / Elles poussent un jour» (p. 17) – Alors, elle erre de poème en poème et nous interroge :
« Vous voudriez que je sois un clair de lune
Vous voudriez que je sois une bougie
Vous voudriez que je sois un éclair » (p. 18 et 19)
La poésie n’est-elle pas déjà cette quête de lumière à travers le langage, n’est-elle pas « Une grande bougie qui éclaire / Nos longues nuits d’hiver » ? L’éclair n’est-il pas là « Pour nous rappeler que la pluie / Sourit alors même qu’elle gronde » ?
Les déserts de Lynda Chouiten sont parsemés d’oasis inspirées, teintées de « Triste bonheur », abreuvées des paradoxes de « Nos esprits tourmentés » ; titres évocateurs à eux seuls !
Au fil du voyage poétique, on espère que la poétesse s’apaise et devienne compagne de voyage, que son « cœur en crue » déborde les pages et que, de fil en poèmes, elle fasse fleurir ses déserts et continue dans le silence du livre fermé à nous parler d’âme à âme.
Josselyne Chourry